Le préfet d'Empire


Créés en 1800, les préfets voient leur rôle précisé de façon stricte : ce sont de puissants relais, des exécutants provinciaux des décisions de l'exécutif parisien, dans une France devenue très centralisée. Cette fonction préfectorale caractérise l'administration française jusqu'à nos jours.

 1. Lucien Bonaparte, ministre de l'Intérieur, aux préfets (26 avril 1800) :

« Toute idée d'administration et d'ensemble serait détruite si chaque préfet pouvait prendre pour règle de conduite son opinion personnelle sur une loi ou sur un acte de gouvernement. Il devient simple citoyen quand, au lieu de se borner à exécuter, il a une pensée qui n'est pas celle du gouvernement et surtout quand il la manifeste.
« Les idées générales doivent partir du centre, c'est de là que doit venir l'impulsion uniforme et commune : et je vois avec peine que quelques-uns de vous, dans des intentions louables sans doute, s'occupent du soin d'interpréter les lois ; qu'ils parlent aux administrés par des circulaires, des placards ; qu'ils remplissent les journaux du récit de leurs œuvres. Ce n'est pas ainsi que le gouvernement désire qu'on administre [...] »
Guy Thuillier, Témoins de l'administration, Paris, Berger-Levrault, 1967.

2. Napoléon à Las Cases (1816) :

« L'organisation des préfectures, leur action, les résultats obtenus étaient admirables et prodigieux. La même impulsion se trouvait donnée au même instant à 40 millions d'hommes ; et, à l'aide de ces centres d'activité locale, le mouvement était aussi rapide à toutes les extrémités qu'au cœur même. Les préfets, avec toute l'autorité et les ressources locales dont ils se trouvaient investis, étaient eux-mêmes des empereurs au petit pied ; et, comme ils n'avaient de force que par l'impulsion première dont ils étaient les organes, que toute leur influence ne dérivait que de leur emploi du moment, qu'ils ne tenaient nullement au sol qu'ils régissaient, ils avaient tous les avantages des anciens grands agents absolus sans aucun de leurs inconvénients. »
Extrait du Mémorial de Sainte-Hélène, in F. de Dainville et J. Tulard, Atlas administratif de l'Empire français, Genève, Droz, 1973.


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