La Géographie d'Al-Idrîsî :
le monde vu par un Arabe au XII° siècle

 

Exposition "Al-Idrîsî : une vision du monde méditerranéen au XII° siècle",
du 16 octobre 2001 au 13 janvier 2002
Bibliothèque Nationale de France,
Quai François Mauriac, Paris 13ème
Du mardi au samedi de 10 h à 19 h,
le dimanche de 12 h à 19 h

Réunion de savants

Une représentation chrétienne du monde
De la même façon que les lieux saints musulmans sont au centre du monde d'Al-Idrîsî, les cartographes chrétiens élaborent une vision théologique du monde, avec Jérusalem en ombilic de la terre habitable. Cette mappemonde du XIV° siècle, orientée vers l'est, est surplombée par le Paradis terrestre (avec Adam et Ève) et entourée par l'Océan. En rouge, Jérusalem, au centre du monde. 
C'est au XII° siècle qu'Al-Idrîsî (1100-1164) élabore en arabe sa Géographie, appelée aussi le Livre de Roger, du nom de Roger II de Sicile, descendant des comtes normands qui se sont emparés de l'île dans la deuxième moitié du XI° siècle. 

A Palerme, venus de tout le bassin méditerranéen, se rencontrent marchands d'alun et d'épices, savants, philosophes, croisés, dans une cité où les cloches des églises orthodoxes et catholiques se mêlent aux appels des muezzins, sans oublier les synagogues juives. Dans un tel tourbillon, Al-Idrîsî ne se contente pas de compiler ses prédécesseurs grecs et arabes, il invente des méthodes nouvelles d'enquête, fondées sur le témoignage. Celui des voyageurs qui font étape à Palerme, celui des hommes qu'il envoie partout, avec toujours le souci de décrire itinéraires et villes, activités et ressources hydrauliques. On sait que le géographe a notamment interrogé un Basque de Bayonne, un Normand, un marin breton et un marchand scandinave. Avec une grande rigueur : il confronte les récits, recoupe les informations et quand elles se contredisent, il n'en tient aucun compte. 

La carte d'Al-Idrisi

Pour remettre le monde à l'endroit, 
visitez l'exposition virtuelle de la BNF 
(cliquez sur la carte et laissez-vous guider...) 

La carte d'Al-Idrîsî, avec le Sud en haut, héritage de la cartographie chinoise...

Le résultat de ce travail de 15 années, c'est que l'Europe apparaît pour la première fois sur une carte arabe. Mais dans une position excentrée, avec des contours mal précisés : le centre du monde est quelque part entre Bagdad et la Mecque... Les cartes ne servent pas uniquement aux voyageurs, aux armées et à la collecte des impôts, elles affirment aussi une vision du monde. Pour Al-Idrîsî, qui ne cache pas son admiration pour Rome ou Constantinople et sert un prince chrétien, la civilisation arabo-musulmane est la plus accomplie et il ne doute pas que la dynastie de Roger II est appelée par Dieu à prolonger l'effort scientifique et philosophique des grands califes abbassides de Bagdad (tel Haroun Al Rachid, au IX° siècle, le calife devenu légendaire des Mille et Une Nuits).

 Une vision arabe du monde

 

 

 

 

 

 

Une vision arabe du monde, centrée sur Bagdad, deux siècles après al-Idrîsî...

Géographe de l'époque des croisades, musulman au service d'un grand seigneur chrétien, Al-Idrîsî est le témoin de la rencontre et de l'affrontement de deux cultures. Son oeuvre illustre ce destin : largement copiée en arabe, elle fut la seule géographie arabe à pénétrer l'Occident, bien que tardivement, à la Renaissance. La Géographie est l'un des premiers ouvrages arabes imprimés à Rome, puis traduit en latin en 1610, sous le titre Le divertissement de celui qui est passionné pour la pérégrination à travers le monde Entre-temps, malgré de nombreuses inexactitudes, les cartes d'Al-Idrîsî auraient servi de base aux premiers portulans du XIV° siècle, ces cartes marines qui ont permis, au siècle suivant, les premières explorations portugaises des côtes africaines.

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