Simone Pognonec est née le 20 septembre 1921.
Elle était au CP, en 11ème, en 1926 à l'école primaire de
Fourchambault, près de Nevers, dans la Nièvre.
En mars 2001, elle est venue raconter aux élèves d'un CP de
Chailly en Bière, près de Fontainebleau, en Seine et Marne,
l'école de son époque, 75 ans auparavant... Voici des extraits
de son témoignage, en réponse aux questions des enfants : |
"On allait à l'école seuls, à pied. Il
fallait marcher 2 à 3 km, hiver comme été. On n'avait pas de cartable :
les garçons avaient une gibecière, les filles un sac. Tous les élèves
portaient une blouse noire, filles comme garçons. Les classes duraient de
8 heures à 11 heures, et de 13 heures 30 à 16 heures. Il n'y avait pas
de cantine, on amenait avec soi sa gamelle, qu'on pouvait réchauffer sur
le poêle. Mais on mangeait surtout du pain et du fromage. C'était un poêle
à charbon, rond. Ses tuyaux servaient à chauffer la classe. Le feu
était allumé par les enfants et l'un de nous était de corvée pour
aller chercher le charbon.

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La
rentrée des classes à l'école communale, le 2 octobre 1933. |
En 1926, l'électricité venait
d'être installée, mais il y avait encore des becs de gaz pour nous
éclairer. Ca me rappelle une histoire : un jour, la perruque de la
maîtresse s'est accrochée au bec de gaz ! Eh bien, aucun élève n'a
ri : la maîtresse était très sévère. Les punitions à écrire
devaient être signées par les parents. La maîtresse connaissait tous
nos parents. On pouvait aller au coin avec le bonnet d'âne, il fallait
regarder le mur. Heureusement, il y avait aussi des récompenses, les bons
points. Avec 100 bons points, on avait un diplôme, non, pas des images,
un diplôme.
On apprenait à écrire d'abord au crayon de papier, qu'on rangeait dans
un plumier, posé sur des tables en bois, avec un trou pour mettre
l'encrier. Le tableau noir était posé sur un chevalet.
Une orange pour Noël
Non, il n'y avait pas de
bibliothèque. A l'époque, il y avait très peu de livres pour enfants,
pas de BD, mais des illustrés comme Lisette, La semaine de Suzette,
Pierrot... Il n'y avait pas non plus de pâte à modeler, pas de tubes
de peinture, mais des godets à couleur. Le père Noël ne venait pas à
l'école et on ne décorait pas de sapin. On était content quand on avait
une orange pour Noël. J'ai vu pour la première fois des bananes en 1932,
à 11 ans, en allant visiter l'Exposition coloniale de Vincennes.
Il n'y avait jamais de sport, seulement un moment de gymnastique. La
maîtresse se mettait au milieu, tous les enfants autour d'elle et on
chantait en faisant les gestes :
Étendons
les bras en avant
Ainsi tous les muscles grandissent
Mais aussitôt redescendus
Il faut reprendre l'exercice...
De côté lorsqu'ils sont tendus
Aussi important est leur office
Aussitôt redescendus
Il faut reprendre l'exercice...
Demandons à la gymnastique
La vigueur qui nous manque encore
Un, deux, un, deux...
Et la maîtresse martelait du
pied en chantant "Un, deux...", c'était son seul exercice !
Les garçons jouaient aux billes, aux osselets, les filles à la marelle,
à la corde à sauter, à des jeux de balle, à chat perché, on chantait
aussi. On avait école le samedi toute la journée, mais pas le jeudi. Les
vacances d'été duraient du 31 juillet au 1er octobre." |