Les photographies des camps nazis
à l'hôtel de Sully


 

Mémoire des camps, photographies des camps de concentration et d'extermination nazis. 

Sélection à Auschwitz

"Ce n'est pas une exposition sur l'histoire des camps mais sur l'histoire des photos des camps", affirment les organisateurs de cette exposition. Il s'agit d'étudier ces photos comme des pièces d'archives, et non plus comme des symboles de l'horreur, en les présentant dans leur format et leur tirage d'origine, et en revenant aux légendes mêmes des photographes. De distinguer entre les clichés très nombreux pris par les Allemands, les rares photos clandestines des déportés et les images de la libération des camps, elles-mêmes oeuvre de militaires ou de journalistes civils. 

Patrimoine photographique, hôtel de Sully, 62 rue St Antoine, Paris-4ème (01 42 74 47 75). Tous les jours, sauf lundi. Jusqu'au 25 mars 2001.

Sélection à l'arrivée d'un convoi de Juifs à Auschwitz, en Autriche, en juin 1944

Charnier de Bergen-Belsen

Découverte de charniers lors de la libération du camp de Bergen-Belsen, en Allemagne

"Ce matin, c'est l'hiver. Nous savons ce que ça veut dire, parce que nous étions là l'hiver dernier, et les autres comprendront vite. Ca veut dire que dans les mois qui viennent sept sur dix d'entre nous mourront. Ceux qui ne mourront pas souffriront à chaque minute de chaque jour, et pendant toute la journée : depuis le matin avant l'aube jusqu'à la distribution de la soupe du soir, ils devront tenir les muscles raidis en permanence, danser d'un pied sur l'autre, enfouir leurs mains sous leurs aisselles pour résister au froid. Ils devront dépenser une partie de leur pain pour se procurer des gants, et perdre des heures de sommeil pour les réparer quand ils seront décousus. Comme on ne pourra plus manger en plein air, il nous faudra prendre nos repas dans la baraque, debout, sans pouvoir nous appuyer aux couchettes puisque c'est interdit, dans un espace respectif de quelques centimètres carrés de plancher. Les blessures de nos mains se rouvriront, et pour obtenir un pansement il faudra chaque soir faire la queue pendant des heures, debout dans la neige et le vent".
    Primo Lévi, Si c'est un homme, Julliard, 1987

Riche en documents sur la vie et la mort dans les camps de 1933 à 1945, cette exposition est l'œuvre d'historiens de la photographie, et non des camps. Et le travail accompli ces dernières années par de nombreux historiens pour distinguer camps de concentration et camps d'extermination dédiés à la mise à mort industrielle et à la Shoah n'est pas souligné. Une certaine confusion peut surgir de la mort omniprésente, de ces empilements de cadavres ou bien de l'image du cinéma de Buchenwald. Des clichés qui témoignent de la vie à l'intérieur des camps de concentration, d'où proviennent la quasi-totalité des photos des camps.  Or, le propre de la destruction nazie, dans les camps d'extermination, c'est cette élimination immédiate, au saut du train, de l'immense majorité des déportés juifs. Ceux-là sont partis en fumée et aucune image n'a jamais pu dire leur destin.