TEXTES A PROPOS DE LA PRÉHISTOIRE

 Roman historique (Extrait). Le dernier voyage de Chaab

 « (…) Chaab se décida enfin. Il banda son arc, visa un point vulnérable, au défaut de l’épaule. L’arc se détendit avec un long frisson sonore et la flèche à pointe d’os s’enfonça dans la chair. Chaab se releva à demi, prêt à détaler pour échapper à une contre-attaque du mâle.

Le jeune chef avait bondi sur place et, poussant un beuglement lamentable, s’était affaissé sur ses jambes de devant. Il releva la tête, huma l’air de son mufle qui dégorgeait un sang noir.

Alors, la poitrine grondante de joie, Chaab se releva lentement, prit son harpon à deux mains et s’approcha du monstre. Tandis que le reste du troupeau refluait en désordre, sans empressement, vers la forêt, il resta quelques instants face à face avec le jeune chef qui paraissait touché à mort . Puis, levant son arme, il la planta à toute volée dans le garrot et recula en poussant un cri de victoire… »

 Michel Peyramaure, La vallée des mammouths, Robert Laffont.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM1,

 Les premiers hommes selon un auteur du Ier siècle avant J.-C.

 « Les hommes primitifs devaient mener une vie sauvage, se disperser dans les champs, cueillir les herbes et les fruits des arbres qui naissent sans culture.

Attaqués par les bêtes féroces, ils sentaient la nécessité de se secourir mutuellement, et, réunis par la crainte, ils ne tardèrent pas à se familiariser entre eux. Leur voix était d’abord inarticulée et confuse ; bientôt ils articulèrent des paroles, et (…) ils formèrent une langue intelligible (…). Bientôt instruits par l’expérience, ils se réfugiaient dans des cavernes pendant l’hiver, et mettaient de côté les fruits qui pouvaient se conserver. »

 Diodore de Sicile (90-20 avant J.-C. environ), Bibliothèque historique.

 In Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997.

 Que savent les préhistoriens ?

 « Nous connaissons assez bien (l’aspect général) des premiers hommes puisque nous avons les ossements de toutes les parties du squelette (…).

Cependant ce tableau est incomplet : il est douteux que l’on puisse retrouver les caractéristiques qui n’ont pas laissé de traces fossiles (…). Quelle était l’importance (des poils), la couleur des yeux, la (forme) du nez, des lèvres, etc. ? (…) Tout le problème tient dans ces questions : quels vestiges avons-nous, et quels vestiges savons-nous interpréter ? »

 H. de Lumley, Pour la science, n° 206, décembre 1994.

 In Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997.

 Les sources de la Préhistoire

 « Pour éclairer ce lointain passé, nous n’avons plus que des débris anonymes : pierres taillées ou polies, tessons brisés, os façonnés ou décorés, squelettes ensevelis […] ou débris épars d’hommes anciens, ou des panneaux rocheux de figures peintes ou gravées, ou enfin des monuments funéraires, des lieux de culte en ruine… » 

Henri Breuil, préhistorien, L’art et l’homme, 1957.

 In Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 2, 1996

 Comme au temps de la Préhistoire

 En 1980, des géologues russes découvrent, au fin fond de la forêt du Kazakhstan, en Sibérie, une famille qui vit là, complètement coupée du monde depuis une quarantaine d’années. Leur mode de vie ressemble tout à fait à ce que les historiens imaginent de la vie au temps du néolithique.

« En nous baissant pour passer la porte, nous nous retrouvâmes dans une obscurité presque totale… Quand Agafia eut allumé et fixé une mèche de bois au milieu de la demeure, je pus en regarder tant bien que mal l’intérieur. Les murs étaient noirs : la suie ne reflétait plus la lumière. Le plafond bas, lui aussi, était noir charbon. Des perches horizontales couraient sous le plafond pour le séchage du linge. A la même hauteur, des étagères longeaient le mur, chargées de récipients en écorce de bouleau pleins de pommes de terre et de graines séchées. Plus bas, de larges bancs s’étiraient le long des murs. Comme en témoignaient quelques guenilles[1], on y dormait de même qu’on pouvait s’y asseoir (…).

Sur le sol dans une couche d’herbes de marais séchées dormait le chef de la maisonnée (…).

Aucun balai n’avait jamais effleuré le sol de cette masure, un sol qui s’enfonçait mollement sous nos pas : des épluchures de légumes et des écales de cônes de pin. Nous nous couchâmes sans nous déshabiller sur ce sol moelleux (…). Contrairement à mes craintes, aucune bestiole ne nous importunait. Comment cette famille était-elle parvenue à se dérober aux parasites, en l’absence de savon et de propreté ? (…). L’air était malodorant et fétide[2]. »

 Dossiers de l’Archéologie, n° 199, déc. 1994. « Charavines », Vassili Peskov.

 In Istra, Multilivre CM1, 1996.


[1] Des guenilles : de vieux vêtements.

[2] Fétide : qui sent très mauvais.

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