TEMPS MODERNES - MONARCHIE ABSOLUE

 UN POUVOIR ABSOLU : PRINCIPES ET GOUVERNEMENT

 Henri IV, un roi qui veut être obéi

 « J’ai fait cet édit pour le bien de la paix que je veux mettre au-dedans de mon royaume. Vous me devez obéir. Je couperai la racine à tout parti et à toutes propagandes hostiles, en faisant raccourcir tous ceux qui les provoqueront. J’ai sauté sur des murailles de ville, je sauterai bien sur des barricades qui sont moins hautes… Vous avez beau faire, je saurai ce que chacun de vous dira ; je sais tout ce que vous faites, tout ce que vous dites ; j’ai un petit démon qui me le révèle. »

 Réponse d’Henri IV aux magistrats de Paris qui n’approuvent pas l’édit de Nantes.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM2.

 Sully

 « Levé dès 4 heures du matin, soit été soit hiver, Sully travaillait dans son cabinet à « nettoyer le tapis » c’est-à-dire à ne laisser aucune affaire en retard. A 6 heures et demie, il était habillé ; à 7 heures, il allait au Conseil jusqu’à 10 heures ou 11 heures. Le roi l’emmenait quelquefois dans ses jardins et, en se promenant, il l’entretenait des affaires importantes et lui faisait connaître ses décisions. Ensuite, déjeuner en famille, avec quelques rares invités. Après dîner, audiences : les ecclésiastiques, les gens de village. Sully donnait réponse à tout. Après souper seulement, on fermait les portes pour prendre le repas en famille.

Le roi reconnaissait l’effort de son ministre. Un jour, il lui rend visite avec quelques seigneurs. Il le trouve devant sa table surchargée de papiers. « Depuis quand êtes-vous là ? - Depuis 4 heures du matin, Sire. – Eh bien, Roquelaure, dit le roi à un de ses compagnons : pour combien mèneriez-vous pareille vie ? – Pas pour tous vos trésors, Sire, répond le courtisan. »

 D’après Fagniez, L’Economie sociale de la France sous Henri IV, Hachette.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM2.

 Le pouvoir absolu

 «  Toute puissance, toute autorité réside dans la main du roi. Tout ce qui se trouve dans l’étendue de nos Etats nous appartient. Les rois sont seigneurs absolus.

J’ai décidé de ne pas prendre de Premier ministre, rien n’étant plus indigne que de voir, d’un côté, toutes les fonctions et de l’autre, le seul titre de roi. Il fallait faire connaître que mon intention n’était pas de partager mon autorité. »

 Louis XIV, 1661.

 In Hatier, Histoire. Cycle 3, 2000

 Quelques jugements sur Colbert

 « Esprit solide mais pesant, né principalement pour les calculs […]. Toujours magnifique en idées et presque toujours malheureux dans l’exécution, il croyait pouvoir se passer des soies du Levant, des laines d’Espagne, des draps de Hollande et des tapisseries de Flandres […]. Il établit toutes sortes de manufactures qui coûtaient plus qu’elles ne valaient. »

 Abbé de Choisy, contemporain de Colbert, Mémoires.

 « Il avait une grande obstination, une énorme puissance de travail, le goût de l’ordre, la pratique des dossiers, quelques idées claires, parfois fausses, et une avidité immodérée : seul ce dernier trait était banal. »

 P. Goubert, historien, Louis XIV et vingt millions de Français, 1966.

 In Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 2, 1996

 LOUIS XIV - LA COUR A VERSAILLES

 Portrait du roi Louis XIV à l’âge de cinq ans (1643)

  « Le roi Louis XIV est âgé de cinq ans qu’il a eus en septembre dernier ; il est d’esprit vif et témoigne par sa belle nature qu’il possède beaucoup de vertus. Il est robuste de constitution, a l’œil vif, plutôt sévère. Il rit rarement et dans ses jeux d’enfant, qui consistent entre autres à ranger des marionnettes en troupes de bataille, à dresser des forteresses, à installer des sentinelles, il est fort concentré, et même si d’autres le regardent et l’observent, qu’il s’agisse de simples gens, de chevaliers ou de princes, rien ne le détourne de ses opérations. Il se sait roi et si la reine sa mère le gronde quelquefois, il réplique que le temps viendra bien où il sera le maître de sa maîtresse, voulant dire par là le maître de sa mère. Il a parfois l’habitude de tirer la langue de sa bouche, et lors, pour le corriger de ce défaut, on lui dit que les rois ne tirent pas la langue et il la rentre aussitôt. »

 Relation des ambassadeurs vénitiens, Angelo Contarini et Giovanni Grimani, cité in Giovanni Comisso, Les ambassadeurs vénitiens. Droits réservés.

 In Istra, Multilivre, CM1, 1996.

 Description du lever du roi Louis XIV

 « Le premier valet de chambre s’approche du lit du roi à qui il dit « Sire, voici l’heure » […]. Aprsè le déjeuner, un valet de garde-robe apporte la chemise du roi, qu’il a chauffée s’il en est besoin. Le grand chambellan[1] reçoit cette chemise du valet et la présente à Monseigneur le Dauphin[2] pour la donner à Sa Majesté. En l’absence du Dauphin, les princes de sang la prennent des mains du valet à qui ils donnent à tenir leur chapeau, leurs gants et leur canne. Sitôt que la chemise lui a été donnée, le premier valet en tient la manche droite et le premier valet de garde-robe en tient la gauche. »

 État de la France en 1712, Bénédictins de Saint-Maur.

 In Nathan, Gulliver. Histoire. Cycle 3, 1997

 Le roi et la cour

 « Je définis la Cour un pays où les gens

Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents

Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être,

Tâchent au moins de le paraître,

Peuple caméléon, peuple signe du maître… »

 Jean de La Fontaine (1621-1695), « Les obsèques de la Lionne », Fables, Livre 8.

 In Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997

 La vie de Cour

 « Les fêtes, les voyages, les promenades particulières furent des moyens pour le Roi de distinguer ou de mortifier les personnes qu’il nommait pour y participer ou non, et pour tenir chacun attentif à lui plaire. Il nommait chaque jour un courtisan pour tenir le bougeoir à son coucher.

Le roi regardait à droite et à gauche, à son lever, à son coucher, à ses repas, en passant dans les appartements, dans ses jardins ; il voyait et remarquait tout le monde et distinguait bien les absences. »

 D’après Saint-Simon, XVIIIè siècle.

 In Hatier, Histoire. Cycle 3, 2000

 Une fête dans les jardins de Versailles en 1674

 « Sa Majesté était sortie du château à une heure de la nuit, mais d’une nuit la plus noire et la plus tranquille qui ait été depuis longtemps. L’on vit dans cette grande obscurité tous les parterres tracés de lumière. Au milieu des , III, p. bassins et des lumières, l’on voyait s’élever mille jets d’eau qui paraissaient comme des flammes d’argent poussées avec violence et dont il sortirait mille étincelles.

Lorsque Leurs Majestés eurent considéré la beauté de ces illuminations, elles montèrent dans des gondoles superbement parées, suivies du reste de la Cour […]. Dans le silence de la nuit, on entendait les violons qui suivaient le vaisseau de Sa Majesté. »

 Félicien des Avaux, « Une fête dans les jardins de Versailles en 1674 ».

 In Nathan, Gulliver. Histoire. Cycle 3, 1997

 Lettres de Madame de Sévigné

 « Le Roi donna la fête lundi dernier à Trianon au roi et à la reine d’Angleterre ; il y eut un opéra, où le Roi alla ; Madame de Maintenon n’y parut point du tou. Il est grand bruit de la faveur de M. de La Rochefoucauld ; on prétend qu’il s’est rendu maître de l’esprit de Monseigneur, et qu’il se sert de son crédit tout comme le Roi le désire. »

 Lettre à Mme de Coulanges,  24 juin 1695, III, p. 1109.

 « L’opéra est l’un des signes majeurs de la réussite sociale. Le fréquenter c’est montrer son intégration aux milieux en place. S’y illustrer, comme Lully, c’est obtenir la familiarité des Grands.

« On répète souvent la symphonie de l’opéra ; c’est une chose qui passe tout ce qu’on a jamais ouï. Le Roi disait l’autre jour que, s’il était à Paris quand on jouera l’opéra, il irait tous les jours. Ce mot vaudra cent mille francs à Baptiste. »

 Lettre à Mme de Grignan, 1er décembre 1673, I, p. 631.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM1.

 Les défauts du château de Versailles

 « L’appartement du roi et celui de la reine y sont les dernières incommodités, avec les vues des cabinets et tout ce qui est derrière, les plus obscures, les plus enfermées, les plus puantes… On n’en finirait point sur les défauts d’un palais si immense et si immensément cher… »

 D’après les Mémoires du duc de Saint-Simon (1675-1755).

 In Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 1, 1995

 Le roi pensionne des artistes et des hommes de science

 « Au sieur Du Clos, médecin, 2.000 livres.

Au sieur Perrault, en considération de son application aux belles lettres, 2.000 livres.

Au sieur Roberval, en considération de son mérite et de la connaissance particulière qu’il a des mathématiques, 1.500 livres.

Au sieur Racine, en considération des belles pièces de théâtre qu’il donne au public, 1.500 livres.

Au sieur Molière, en considération des ouvrages de théâtre qu’il donne au public, 1.500 livres. »

 Liste des pensions accordées pour l’année 1670, établie par le sieur Chapelain, poète.

 In Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997

  LES CRITIQUES DE FÉNELON

 La misère du peuple

 « Votre peuple meurt de faim, la culture des terres est abandonnée, les villes et les campagnes se dépeuplent. Au lieu de tirer de l’argent de ce pauvre peuple, il faudrait lui faire l’aumône et le nourrir. Il est plein de désespoir. La France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé et sans provisions. La révolte s’allume peu à peu. »

 Fénelon, Lettre à Louis XIV.

 In Hatier, Histoire. Cycle 3, 2000

 Lettre de Fénelon à Louis XIV

 « Vos peuples, Sire, que vous devriez aimer comme vos enfants […] meurent de faim. La culture des terres est presque abandonnée ; les villes et les campagnes se dépeuplent ; tous les métiers se languissent[3] et ne nourrissent plus les ouvriers. Tout commerce est anéanti […]. Au lieu de tirer de l’argent de ce pauvre peuple, il lui faudrait faire l’aumône et le nourrir […]. Il est plein d’aigreur et de désespoir. La sédition[4] s’allume peu à peu de toutes parts. »

 Fénelon (1651-1715). Lettre à Louis XIV.

 In Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 2, 1996

 LA RÉVOCATION DE L’ÉDIT DE NANTES (1685)

 La révocation de l’édit de Nantes

 « La révocation de l’édit de Nantes dépeupla un quart du royaume, ruina son commerce, l’affaiblit dans toutes ses parties, le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons[5], autorisa les tourments et les supplices dans lesquels il firent mourir tant d’innocents. »

 Duc de Saint-Simon.

 In Istra, Multilivre CM1, 1996.

 Les protestants tolérés puis persécutés

 « Permettons à ceux de la Religion Prétendue Réformée de vivre dans les lieux et villes de notre royaume sans être molestés, (et sans qu’il soit rien fait) contre leur conscience. »

 Édit de Nantes, 1598 (extraits).

 « Ce projet[6] a causé la désertion de 80 à 100 000 personnes de toutes conditions, qui ont emporté avec elles plus de trente millions de livres ; la mise à mal de nos arts et de nos manufactures. »

 S. Le Prestre de Vauban (1633-1707), Mémoire pour le rappel des Huguenots (1689).

 « Poussons jusqu’au ciel nos acclamations et disons au roi : « vous avez affermi la foi, vous avez exterminé les hérétiques, c’est le digne ouvrage de votre règne ».

 Bossuet (1627-1704), Oraison funèbre du chancelier Le Tellier (1685).

 In Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997

 LE BILAN DU RÈGNE

 Le testament de Louis XIV

 « Mon enfant, vous allez être un grand roi. Ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que j’ai eu pour la guerre ; tâchez, au contraire, d’avoir la paix avec vos voisins. Rendez à Dieu ce que vous lui devez. Suivez toujours les bons conseils ; tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis assez malheureux de n’avoir pu faire. »

 Louis XIV au futur Louis XV, le 25 août 1715, peu avant sa mort.

 In Istra, Multilivre CM1, 1996.


[1] Le grand chambellan : le responsable de la chambre du roi.

[2] Le Dauphin : fils aîné du roi qui doit lui succéder.

[3] Ont peu d’activités.

[4] Révolte.

[5] Un dragon : cavalier armé d’un fusil, d’un sabre et d’une hache.

[6] La révocation de l’Édit de Nantes en 1685.

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