XXè
SIECLE - PREMIERE GUERRE MONDIALE
LA
VIE DES SOLDATS La
marche à quatre pattes… « Ma
bien chère maman, J’ai
reçu de vous bien des paquets et il me faut vous en remercier beaucoup.
Papiers à lettres, cigares, lampe-électrique, bloc-notes, cure-dents
ont été les bienvenus. Vous mettriez un comble à votre bonté en
m’envoyant une paire de gants fourrés, car ceux que j’avais sont déchirés
et usés complètement. Il nous arrive plusieurs fois par jour en effet
d’user de la marche à quatre pattes, ce qui n’arrange pas les
gants. » Lettre
du lieutenant Charles de Gaulle à sa mère, le 20 novembre 1914. In
Istra, Multilivre CE2, 1994. Extrait
d’un journal de guerre d’un soldat en 1914 « A 7 heures, la relève arrive ! Mais en sortant des tranchées, nous sommes fusillés comme des lapins. Notre camarade Fersit est tué raide. Revenons en arrière. Toute la journée, ça tire et à la tombée de la nuit surtout où l’ennemi nous reprend sa tranchée. Canons, mitrailleuses, charges à la baïonnette, rien ne manque et nous perdons environ une compagnie. Cinq des copains ont été faits prisonniers. A la nuit, tout cesse et on entend au loin les plaintes des blessés impossibles à secourir […]. » Journal
de guerre,
4 décembre 1914, front des Vosges. In
Nathan, Gulliver. Histoire. Cycle 3, 1997 Le
baptême du feu « Soudain
les sifflements stridents nous précipitent face contre terre, épouvantés.
La rafale vient d’éclater au-dessus de nous. Les hommes à genoux,
recroquevillés, le sac sur la tête, se soudent les uns contre les
autres. La
tête sous le sac, je jette un coup d’œil sur mes voisins :
haletants, secoués de tremblements nerveux, la bouche contractée par
un affreux rictus, tous claquent des dents. Cette attente de la mort est
terrible. Le caporal, qui a perdu son képi me dit : « Ah !
ben, vieux, si j’avais pensé que c’était ça la guerre, si ça
doit être tous les jours comme ça, j’aime mieux être tué tout de
suite… » Notre
premier contact avec la guerre a été une surprise rude. Dans leur
riante insouciance, la plupart de mes camarades n’avaient jamais réfléchi
aux horreurs de la guerre. » Galtier-Boissière,
cité par Marc Ferro, « La Grande Guerre », NRF. In
SEDRAP, A nous le monde !, CM1. La
vie du poilu « Nous
enfonçons dans la boue jusqu’aux genoux. Pour
s’arracher, on se tient par la main, car ceux qui tombent dans les
trous ne peuvent plus se retirer. Il est impossible de s’imaginer ce
que cela peut être. » Lettre
d’un soldat combattant à Verdun, novembre 1916. In
Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997 La
vie du poilu « L’ouragan
éclata. (…) Un
tonnerre à rendre fou (…). Le
grondement mortel des innombrables canons, derrière nous, était si
terrible que même les pires batailles que nous avions subies nous
semblaient en comparaison un jeu d’enfant. » Ernst Jünger, Orages d’acier. In
Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 1, 1995 VERDUN Verdun « L’occupation
de tout point même débordé, même entouré doit être maintenue à
tout prix… Il ne doit y avoir qu’une consigne : tenir coûte
que coûte en vue de la contre-attaque, que celle-ci puisse arriver ou
non. » Ordre
du jour du quartier général français, 22 février 1916. In
Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 2, 1996 Un
survivant de Verdun témoigne « Mardi
29 février 1916. L’attaque
allemande de Verdun a continué, formidable. C’est la grande offensive
tant annoncée (…). Le carnage est immense. La débauche des
projectiles d’artillerie est incroyable : 80 000 obus en quelques
heures, sur un espace de 1 000 mètres de long et 3 à 400 mètres de
profondeur. Trois millions d’obus en quelques jours. On se demande
comment des êtres vivants arrivent à se maintenir et à combattre dans
pareil enfer (…). Vendredi
21 août. Près
d’un million d’hommes sont tombés là, sur ce front minime. Des
centaines de milliers de tonnes d’acier et d’explosifs ont été déversées
sur ce sol. Le résultat est nul (…). » Le
journal de guerre du docteur Marcel Poisot. In
Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 1, 1995 La peur avant l’attaque « Il
est 10 heures : à l’heure H… (11 heures moins dix), le
commandant vient d’envoyer aux officiers sa montre et l’ordre écrit.
La compagnie attaquera l’élément de tranchée dit tranchée des
Hongrois compris entre les points A et C sur le plan directeur. Et voilà,
c’est fini, l’ordre d’attaque est arrivé ; les hommes
taillent des gradins dans le parapet pour sauter tout à l’heure. Je
sais bien que nous sommes venus ici pour prendre Douaumont[1] ;
ce n’est un mystère pour personne qu’il va falloir une fois de plus
exposer sa chair ; on le sait, les hommes le savent tous. Et
pourtant, pourtant jusqu’à maintenant, jusqu’au passage de cette
montre, de ce pli que j’ai eu dans les mains, que j’ai donné à
l’agent de liaison pour qu’il le porte au lieutenant, ma pauvre tête
a douté, a espéré… Quoi ? je n’en sais rien moi-même :
un contrordre, une relève, l’opération remise, que sais-je, un tas
de folies que ma volonté rejette à mesure qu’elles se présentent,
que je ne veux pas croire, auxquelles je ne veux pas penser, tout entier
à ce sentiment qu’il faut avoir : se tenir correctement devant
la mort ! Ce n’est pas bien difficile de dire cette petite phrase ;
mais quel effrayant effort il faut faire, mon Dieu ! » Sous-lieutenant
Guy Hallé, Là-bas avec ceux qui souffrent, Paris, Garnier,
1917. In
Istra, Multilivre CM2, 1997. Sarah Bernhardt et les soldats de Verdun « Et
bien, voilà mon rêve ; c’est d’aller dans les tranchées
aussi près que possible. Je n’ai pas peur des obus ni du reste ;
qu’est-ce que cela peut me faire à moi ; ne serait-ce pas
terminer ma carrière d’une façon glorieuse ! Mais c’est trop
beau, je n’ose pas rêver une telle chose. Je suis allée à cinq
cents mètres des Boches[2],
au bois le Prêtre, seule avec le général Lebocq qui comprenait mon désir
et les Boches qui ne cessent de tirer chaque jour n’ont pas tiré un
coup de fusil ni de mitrailleuse. D’ailleurs, ils m’auraient manquée ;
mon heure n’est pas venue… Aidez-moi ami Thorel. Je quitterai immédiatement
mon abri où je suis venue me reposer de la ville. Je voudrais retourner
au front ; aidez-moi, mais je voudrais aller le plus près
possible, je voudrais apporter à ces grands moments de gloire un peu de
notre idéal. Puisque vous avez de l’amitié pour moi, faites
l’impossible. Je vais très bien et je suis vaillante et forte. Pensez
à moi. Je vous tends mes deux mains pleines d’amitiés et de
souvenirs. Sarah
Bernhardt. Boulouris près Saint-Raphaël, Var. » Lettre
de Sarah Bernhardt [72 ans, infirme, à cette date] adressée au capitaine René Thorel,
commandant de la 24è compagnie, 374è d’Infanterie, Secteur 99. 20
mai 1916 (source BIVP). In
Istra, Multilivre CM2, 1997. LES
MUTINERIES DE 1917 Les
mutineries de 1917 « Ce
n’est plus une guerre, c’est un massacre complet. Je
te dirai qu’en ce moment tous les combattants en ont marre de
l’existence. Il
y en a beaucoup qui désertent. » Cité
par Guy Pedroncini, Les mutineries de l’armée française,
1968. In
Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997 LA
PLACE DES FEMMES La
place des femmes dans la société française. Le tournant de la Première
guerre mondiale « Les
hommes sont partis en masse et cependant les récoltes ont été ramassées,
les terres labourées, les administrations fonctionnent, les tramways
marchent, le métro n’est pas interrompu. Tout va, c’est un miracle !
Vive les Françaises ! Leurs maris sont au front, elles veulent
toutes travailler. » D’après
Marcelle Capy, La Vague, 1916. In Hatier, Histoire. Cycle 3, 2000 L’ARMISTICE La
fin de la guerre « L’armistice
est signé. Les canons et les cloches l’ont annoncé hier matin à
toute la France. Le carnage finit par l’éclatante victoire de nos
armes et par la défaite de ceux qui l’avaient prémédité, organisé,
voulu. Les morts vengés par la victoire, voilà ce qui est digne d’être
appelé la justice. Les morts sont vengés, les crimes seront châtiés
durement ! Quant à l’Allemagne vaincue, les rapports que le
monde civilisé entretiendra désormais avec elle dépendront de la façon
dont elle saura accepter la défaite et le châtiment, régler ses
comptes, expier. » D’après
Alfred Capus, Le Figaro, 12 novembre 1918. In Hatier, Histoire. Cycle 3, 2000 LES BILANS DE
LA PREMIERE GUERRE MONDIALE Le
bilan humain de la guerre
In
Bordas, Terres d’Histoire. Histoire. Cycle 3 CM, 1997 Nombre de soldats français morts au combat durant la guerre de 1870, la Première et la Seconde Guerre mondiale 1870 :
25 000 1914-1918 :
1 400 000 1945 :
650 000 in
Nathan, Gulliver. Histoire. Cycle 3, 1997 Les
buts de guerre de Wilson, président des Etats-Unis de 1913 à 1921 « […]
Ce que nous voulons, c’est que le monde devienne un lieu sûr où tous
puissent vivre, un lieu possible pour toute nation qui désire vivre
librement de sa vie propre, décider de ses propres institutions. Le
territoire tout entier devra être libéré et les régions envahies
devront être restaurées ; le préjudice causé à la France par
la Prusse en 1871, en ce qui concerne l’Alsace-Lorraine, préjudice
qui a troublé la paix du monde durant près de cinquante ans, devra être
réparé afin que la paix puisse de nouveau être assurée dans l’intérêt
de tous. Aux
peuples de l’Autriche-Hongrie dont nous désirons voir sauvegarder et
assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt
la possibilité d’un développement. La
Roumanie, la Serbie et le Monténégro devront être évacués ; à
la Serbie devra être accordé un libre accès à la mer. Un
état polonais devra être constitué, qui comprendra les territoires
habités par des populations indiscutablement polonisées, auxquelles on
devra accorder un libre accès à la mer […]. » Wilson, 1918. In Nathan, Gulliver. Histoire. Cycle 3,
1997 Le
déclin de l’Europe « Quand
on songe aux conséquences de la Grande Guerre, qui vient de se
terminer, on peut se demander si l’étoile de l’Europe ne pâlit pas
et si n’a pas commencé pour elle une crise vitale. En décimant ses
multitudes d’hommes […] ; en gaspillant ses richesses matérielles ;
en détournant pendant plusieurs années les esprits et les bras du
labeur productif vers la destruction barbare ; […] la guerre
n’aura-t-elle pas porté un coup fatal à l’hégémonie[3] de l’Europe sur le monde ? » A.
Demangeon, Le déclin de l’Europe, Payot, 1920. In
Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 2, 1996 |
|||||||||||||
Retour aux textes |