XXè SIECLE - DEUXIÈME GUERRE MONDIALE

 

LES OPÉRATIONS MILITAIRES

 Hitler, 5 février 1943

 « Nous n’hésiterons pas une seconde à obliger les pays responsables de la déclaration de guerre à nous aider de tous leurs efforts. Nous considérons qu’il est naturel de ne pas épargner la vie d’autrui en un temps qui exige de si durs sacrifices pour notre vie… »

 Cité par G. Badia, Histoire de l’Allemagne contemporaine, Editions sociales.

 In SEDRAP, A nous le monde !, CM1

 Goering à ses subordonnés

 « Chaque fois que vous tomberez sur quelque chose dont le peuple allemand pourrait avoir besoin, vous devez vous acharner dessus comme un chien de chasse sur sa proie. Il faut le saisir… Et l’expédier en Allemagne. »

 Cité par W. Shirer, Le Troisième Reich, Stock.

 In SEDRAP, A nous le monde !, CM1

 La préparation du débarquement

 « Nous apportions un grand soin à l’étude des moyens par lesquels nous pourrions tromper l’adversaire quant au lieu et à la date de notre attaque. Nous voulions le convaincre que notre intention était de tenter la traversée à l’endroit où la Manche est la plus étroite… Le plan aérien prévoyait l’affaiblissement progressif de la Luftwaffe et la destruction des points stratégiques du réseau routier et ferroviaire français afin d’isoler la région où devait se porter l’attaque. Pour le jour, les forces aériennes devaient pilonner les objectifs de la défense côtière allemande tout en assurant la protection de nos convois…

Toute division a besoin de 600 à 700 tonnes d’approvisionnement par jour (10 divisions sont débarquées le 6 juin et 36 sont engagées dans l’ensemble des opérations). A cela, il fallut ajouter l’obligation de constituer sur les plages des réserves…, le transfert de lourdes machines et du matériel de construction. »

 Eisenhower, Croisade en Europe, R. Laffont.

 In SEDRAP,  A nous le monde !, CM1.

 L’APPEL DU 18 JUIN 1940

 L’appel du 18 juin 1940

 « Nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l’ennemi. Mais le dernier mot est-il dit ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Car la France n’est pas seule ! Elle a un vaste empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique. Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »

 Discours du général de Gaulle à la radio britannique, le 18 juin 1940.

 In Hatier, Histoire. Cycle 3, 2000

 Affiche de l’appel à la résistance lancé à Londres le 18 juin 1940 par le général de Gaulle

                              "   A TOUS LES FRANÇAIS

                                La France a perdu une bataille !

                                Mais la France n’a pas perdu la guerre !

                Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n’est perdu !

                Rien n’est perdu, parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l’univers libre, des forces immenses n’ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l’ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur. Tel est mon but, mon seul but !

                Voilà pourquoi je convie tous les Français où qu’ils se trouvent, à s’unir à moi dans l’action, dans le sacrifice et dans l’espérance.

                                Notre patrie est en péril de mort.

                                Luttons tous pour la sauver !

                                      VIVE LA FRANCE !"

                                C. de Gaulle

                                GENERAL DE GAULLE

                                Quartier-général

                               4, Carlton Gardens

                               London, S.W.1 »

 In Nathan, Gulliver. Histoire. Cycle 3, 1997

 

LA RÉSISTANCE

 Les souffrances de Jean Moulin

 « [En juin 1940] Pendant sept heures j’ai été mis à la torture physiquement et moralement. Je sais aujourd’hui que je suis allé jusqu’à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finira par signer. Le dilemme s’impose de plus en plus : signer ou disparaître… Fuir ?… C’est impossible. J’entends le pas régulier des sentinelles, non seulement dans le couloir, mais aussi devant notre unique fenêtre. Et pourtant, je ne peux pas signer. Je ne peux pas être complice de cette monstrueuse machination qui n’a pu être conçue que par des sadiques en délire. Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l’armée française et me déshonorer moi-même. Tout plutôt que cela, tout même la mort. La mort ?… Dès le début de la guerre, comme des milliers de Français, je l’ai acceptée. Depuis, je l’ai vue de près bien des fois… Elle ne me fait pas peur. Il y a quelques jours encore, en me prenant, elle eût fait un vide ici, dans le camp de la résistance. Maintenant j’ai rempli ma mission, ou plutôt, je l’aurai remplie jusqu’au bout quand j’aurai empêché nos ennemis de nous déshonorer. Mon devoir est tout tracé. Les Boches verront qu’un Français aussi est capable de se saborder… Je sais que le seul être humain qui pourrait me demander des comptes, ma mère, qui m’a donné la vie, me pardonnera lorsqu’elle saura que j’ai fait cela pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu’elle n’ait pas, elle, à rougir de son fils. J’ai déjà compris le parti que je pourrai tirer de ces débris de verre qui jonchent le sol. Je pense qu’ils peuvent trancher une gorge à défaut d’un couteau. Quand la résolution est prise, il est simple d’exécuter les gestes nécessaires à l’accomplissement de ce que l’on croit être son devoir. Cinq heures sonnent à une horloge. J’ai perdu beaucoup de sang. Il a coulé, lent et chaud sur ma poitrine, pour aller se figer en gros caillots sur le matelas… Mais la vie n’a pas fui… Pourvu que tout soit fini quand ils reviendront et qu’ils ne retrouvent plus à ma place qu’une chose inerte, qui ne peut signer ! »

 Premier combat. Journal posthume de Jean Moulin. Éditions de Minuit.

 In Istra, Multilivre CM2, 1997.

 Activités des résistants de la région parisienne en 1943

 « 1er juillet, Juvisy, sabotage-fer, dépôt des machines.

Nuit du 2 au 3/7, Villepreux, attentat à la grenade contre un train de permissionnaires. Rueil, « récupération » de 12 revolvers à la mairie.

5 juillet, Vert-le-Petit, incendie d’un camion d’essence.

14/7, Villacoublay, bombardement du camp d’aviation sur renseignements.

14/7, Dourdan, manifestation patriotique, 200 personnes chantent la Marseillaise dans la rue.

14/7, Les Clayes, manifestation patriotique : 4 drapeaux tricolores attachés à des poteaux.

14/7, Argenteuil, tract annonçant l’exécution d’un commissaire de police.

14/7, Gazeran, sabotage-fer, déraillement de la machine et de onze wagons.

14/7, Etréchy, hébergement d’un officier aviateur américain jusqu’au 4 septembre 1943. »

 E. Lansiart, cité par Michel, La Résistance, IPN.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM2.

 Le chant des partisans

 « Ami, entends-tu

le vol noir des corbeaux

sur nos plaines ?

 

Ami, entends-tu

Les cris sourds du pays

Qu’on enchaîne ?

 

Ohé partisans,

Ouvriers et paysans

C’est l’alarme !

 

Ce soir l’ennemi

Connaîtra le prix du sang

Et les larmes… »

 

Maurice Druon et Joseph Kessel, 30 mai 1943.

 In Istra, Multilivre CM2, 1997.

 

LA COLLABORATION

 Discours radiodiffusé de Pétain le 20 octobre 1940

 « Français, j’ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich… Cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu, marque le premier redressement de notre pays. C’est librement que je me suis rendu à l’invitation du Führer (chef, en allemand). Je n’ai subi de sa part aucun « diktat » (ordre en allemand), aucune pression. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J’en ai accepté le principe.

C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française, dans le cadre d’une activité du nouvel ordre européen que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration. »

 In Istra, Multilivre CM2, 1997.

 

LA VIE QUOTIDIENNE PENDANT LA GUERRE

 Les bicyclettes

 « Les bicyclettes se multiplièrent et leur nombre alla croissant. Elles firent prime sur le marché… et devinrent fort recherchées des amateurs désireux de rouler sans bourse délier. Les vols étaient si fréquents, et si audacieux, qu’on prit l’habitude de monter jusqu’à l’étage de son domicile ou de ses hôtes les véhicules à deux roues. »

 P. Audiat, Paris pendant la guerre, Editions Hachette.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CE2.

 LES MESURES ANTI-JUIVES. LE GÉNOCIDE

 Le sort des juifs de France

 « Les négociations avec le gouvernement français ont donné les résultats suivants. L’ensemble des Juifs de France sont tenus prêts à notre disposition en vue de leur évacuation. Le Président Laval a proposé que, lors de l’évacuation des familles juives de la zone non occupée, les enfants de moins de 16 ans soient emmenés eux aussi. Quant aux enfants juifs de la zone occupée, la question ne l’intéresse pas. »

 Note d’un officier S.S. au gouvernement de Berlin, 1942.

 In Hatier, Histoire. Cycle 3, 2000

 Les camps de concentration

 « Je dirigeais Auschwitz jusqu’au 1er décembre 1943, et estime qu’au moins deux millions cinq cent mille victimes furent exécutées et exterminées par les gaz, puis incinérées ; un demi-million au moins moururent de faim ou de maladie, soit un chiffre total minimum de trois millions de morts. Ce qui représente environ 70 à 80 % de tous les déportés envoyés à Ausshwitz. Les autres furent sélectionnés et employés au travail forcé dans les industries dépendant du camp.

Nous apportâmes une amélioration en aménageant des chambres à gaz pouvant contenir deux mille personnes à la fois.

A Auschwitz, nous nous efforçâmes de faire croire aux victimes qu’elles allaient subir une désinfection. A Auschwitz, nous avions des médecins SS chargés d’examiner chaque livraison nouvelle de déportés. Ceux qui paraissaient aptes au travail étaient envoyés dans le camp. Les autres étaient aussitôt dirigés vers les bâtiments d’extermination. Les enfants en bas âge étaient systématiquement exterminés, puisqu’ils étaient inaptes au travail. »

 Témoignage du commandant du camp de concentration d’Auschwitz.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM2.

 LA LIBÉRATION

 La libération d’un village

 « Je me trouvais dans un petit village du Jura, Charbonnières-les-Sapins. Sa libération eut lieu le 27 ou 28 septembre 1944. Quelques bruits courent dans le village. Les Américains seraient arrivés. Tout le monde est heureux à la pensée d’être enfin libérés. Pour être assurés qu’ils sont vraiment là, avec des camarades, nous partons à leur rencontre. Tout heureux de les avoir vus, nous partîmes au village annoncer la grande nouvelle. Le lendemain, quand les Alliés traversèrent le village, tout le monde leur apporta des fleurs en signe de gloire. »

 Gisèle D., 14 ans, Rédactions, Julliard, 1975.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM2.

 La libération de Paris

 « Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici chez nous, dans Paris pour se libérer et qui a su le faire de ses mains. Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. »

 Ch. De Gaulle, Paris, 25 août, Mémoires de guerre, Plon.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM2.

 HIROSHIMA

 La bombe d’Hiroshima (6 août 1945) . Récit du pilote de l’ « Enola Gay »

 « Les chronomètres indiquent exactement 9 h 15 quand vient le signal « bombe larguée »… Presque instantanément, je perçois que l’avion s’incline fortement et que sa vitesse augmente. Il vole plus vite, il me semble, qu’il n’a jamais volé, à ma connaissance, si vite qu’on pourrait redouter de le voir se briser en plein ciel… Mes yeux sont clos, et cependant je vois une étrange lueur pourpre, à travers mes paupières, sans doute, bien que ce soit physiquement impossible. Mais je me souviens très bien de ma sensation. J’ouvre les yeux. La lueur pourpre, qui vire maintenant au bleu, illumine complètement l’intérieur de l’avion, si violemment que malgré moi je cligne et referme les paupières, pour les rouvrir bientôt. Il ne s’est écoulé que 50 secondes depuis l’interruption de la tonalité… Peu après, une gifle brutale secoue l’avion, qui s’enfonce, je ne puis dire juste de combien… Une secousse apparemment identique survient presque immédiatement, suivie d’une troisième. Le tout en 90 secondes à peu près. J’arrache mes lunettes et me précipite vers le navigateur. A cet instant, lors de mon premier coup d’œil sur l’extérieur, les yeux encore clignotants de l’intensité de l’aveuglante lueur pourpre qui enveloppait la terre dessous et le ciel dessus, j’ai l’impression, l’impression tragique, d’une effroyable hallucination… Dessous, aussi loin que la vue peut s’étendre, un immense incendie, mais qui n’a pas l’aspect brutal d’un incendie. Il est fait d’une douzaine de couleurs, toutes d’un éclat violent ; il présente plus de teintes différentes qu’il n’en existe à ma connaissance. Au centre, plus éclatante encore que tout le reste, une gigantesque boule de feu rouge qui paraît plus grosse que le soleil. Elle monte droit vers nous et très vite. En même temps, l’énorme sphère s’épanouit, au point de paraître couvrir toute la ville d’Hiroshima… La lueur pourpre vire maintenant au bleu vert, juste ourlée d’un soupçon de jaune. Venant d’en dessous, la boule de feu semble courir après la fumée qui s’élève, montant vers nous à une allure fantastique. Et cependant, l’avion s’éloigne à toute vitesse de ce qui reste d’Hiroshima… »

 M. Miller et A. Spitzer, We dropped the A. Bomb (Nous avons largué la bombe atomique). Adaptation Robert de Marolles, Paris, Le Sillage, 1948 (D.R.)

 In Istra, Multilivre CM2, 1997

 Hiroshima

 « Soudain un éclair aveuglant me fit sursauter, puis un second [...]. Nous restâmes figés sur place, jusqu’au moment où la maison devant nous se mit à osciller et s’écroula presque à nos pieds. Aussitôt notre propre maison se mit à vaciller et, quelques secondes plus tard, elle s’écroulait à son tour dans un nuage de poussière […]. Je vis défiler devant moi des ombres humaines, semblables à une procession de fantômes. Certaines d’entre elles paraissaient en proie à une douleur indicible et avançaient, les bras écartés du corps, les avants-bras ballants. Ces silhouettes m’intriguèrent, jusqu’au moment où je compris qu’elles appartenaient à des gens atrocement brûlés qui voulaient éviter la friction douloureuse de leurs membres contre leurs flancs mis à vif…

Des incendies jaillissaient de tous côtés, tandis qu’un vent d’ouragan attisait les flammes et les propageait d’un bâtiment à l’autre. Bientôt nous fûmes cernés par le feu […]. Les rues silencieuses n’étaient peuplées que de cadavres […]. Hiroshima n’était plus une ville, mais un désert de feu. A l’est et à l’ouest, tout était nivelé. »

 Mishihiko Hashiya, Journal d’Hiroshima.

 In Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 2, 1996

 La bombe atomique. Nagasaki

 « Témoignage d’un médecin de Nagasaki :

« Il y a eu un éclair. Nous nous sommes retrouvés ensevelis sous les ruines de l’hôpital… Curieusement, il n’y eut aucun bruit. Bientôt affluent les malades de l’hôpital et les gens du dehors. Ils sont tous blessés, nus, ensanglantés et comme épluchés de leur peau. Il y a des visages calcinés, couleur de cendre ou presque noirs, sous des cheveux grillés, hirsutes. Ils semblent sortir de l’enfer. Ils rampent sur la terre ; ils ne peuvent pas se tenir debout. Je regarde vers l’extérieur. Tout est en feu. La ville a disparu…

De tous côtés, des cris arrivaient des maisons effondrées… J’ai vu des morts innombrables. On ne savait même plus où poser le pied. Les gens appelaient sans cesse au secours. Il devait y avoir dans cette partie de la ville, autour de nous, une vingtaine de milliers de morts et entre soixante et soixante-dis-mille blessés. »

 Takashi Nagai, extrait du journal Asahi publié par Le Monde, 7.08.1970.

 In SEDRAP, A nous le monde ! CM2.

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