"Oui, notre peuple est uni pour la guerre. Mais il l'est
d'avance aussi pour la rénovation nationale. Les bonnes
gens qui se figurent qu'après tant de sang répandu,
de larmes versées, d'humiliations subies, notre pays acceptera,
au moment de la victoire, soit d'en revenir simplement au régime
qui abdiqua en même temps que capitulaient ses armées,
soit de conserver le système d'oppression et de délation
qui fut bâti sur le désastre, ces bonnes gens, dis-je,
feront bien de dépouiller leurs illusions. " Oui, après la chute du système d'autrefois et devant l'indignité de celui qui s'écroule, après tant de souffrances, de colères, de dégats éprouvés par un nombre immense d'hommes et de femmes de chez nous, la nation saura vouloir que tous, je dis tous ses enfants, puissent désormais vivre et travailler dans la dignité et la sécurité sociales. Sans briser les leviers d'activité que constituent l'initiative et le légitime bénéfice, la nation saura vouloir que les richesses naturelles, le travail et la technique, qui sont les trois éléments de la prospérité de tous, ne soient point exploités au profit de quelques-uns. La nation saura faire en sorte que toutes les ressources économiques de son sol et de son Empire soient mises en uvre, non pas d'après le bon plaisir des individus, mais pour l'avantage général. S'il existe encore des bastilles, qu'elles s'apprêtent de bon gré à ouvrir leurs portes. Car, quand la lutte s'engage entre le peuple et la Bastille, c'est toujours la Bastille qui finit par avoir tort. Mais c'est dans l'ordre que les Français entendent traiter leurs affaires et ne point sortir de la guerre pour entrer dans les luttes civiles." Extraits du discours prononcé par le général
de Gaulle |