Louis XIV jugé par un curé de campagne


 


Cette page n'a rien à voir avec les oraisons funèbres de Bossuet. Elle témoigne de l'extrême impopularité de Louis XIV à sa mort, avec le point de vue d'un modeste curé de campagne.

 A la fin de l'année 1715, le curé de la paroisse rurale de Saint Sulpice, près de Blois, note dans son registre paroissial, sous le titre « Remarques sur l'année 1715 " :
  « Louis XIV, roi de France et de Navarre, est mort le ler septembre dudit an, peu regretté de tout son royaume, à cause des sommes exorbitantes et des impôts si considérables qu'il a levés sur tous ses sujets. On dit qu'il est mort endetté de 1 milliard 700 millions de livres. Ses dettes étaient si considérables que le Régent n'a pu ôter les impôts que ledit roi avait promis d'ôter trois mois après la paix, qui étaient la capitation et le dixième du revenu de tous les biens. Il n'est pas permis d'exprimer tous les vers, toutes les chansons et tous les discours désobligeants qu'on a dits et faits contre sa mémoire. Il a été, pendant sa vie, si absolu qu'il a passé par-dessus toutes les lois pour faire sa volonté. Les princes et la noblesse ont été opprimés. Les parlements n'avaient plus de pouvoir : ils étaient obligés de recevoir et d'enregistrer tous les édits, quels qu'ils fussent, tant le roi était puissant et absolu. Le clergé était honteusement asservi à faire la volonté du roi : à peine demandait-il quelque secours, qu'on lui en accordait plus qu'il n'en demandait. Le clergé s'est endetté horriblement. Tous les corps ne l'étaient pas moins. Il n'y avait que les partisans et les maltôtiers qui fussent en paix et qui vécussent en joie, ayant en leur possession tout l'argent du royaume. Le roi fut porté à Saint-Denis le 10 ou 12 dudit mois et l'oraison funèbre s'est faite à Saint-Denis vers la fin du mois d'octobre. »

Inventaire-Sommaire des archives communales antérieures à 1790, département du Loir-et-Cher, Blois, 1887, p. 72.


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