Contenus Outils Programmations Histoire de France Démarches Liens

Un roi absolutiste
La persécution des protestants
Une économie mercantiliste pour enrichir le royaume
Un roi tout puissant ?
Un roi soumis aux "lois fondamentales" du royaume

 

Louis XIV, un monarque absolu
(dossier réalisé pour des CM)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Colbert

 B) Un modèle d'absolutisme : le règne de Louis XIV

S'il en existe un, le règne de Louis Le Grand fut le modèle de l'absolutisme. Souverain absolu, Louis XIV ne fut pourtant pas un roi tout-puissant.

Un roi absolutiste : roi de droit divin, il dit la loi, rend la justice, administre le royaume. Il exige obéissance de tous, à commencer par la noblesse qui s'était révoltée lors de sa minorité pendant la Fronde. 
Le roi poursuit la politique anti-nobiliaire de son père Louis XIII et de Richelieu, qui avaient interdit les duels et démantelé de nombreux châteaux. Il appelle pour le servir des bourgeois, tel Colbert, issu d'une dynastie de grands marchands et de grands financiers. 
La haute noblesse est arrachée à ses terres pour vivre à Versailles où sa bonne fortune dépend uniquement de la faveur du roi : " C'était un démérite aux uns (..) de ne pas faire de la cour son séjour ordinaire, aux autres d'y venir rarement, et une disgrâce sûre pour qui n'y venait jamais " (Duc de Saint-Simon, grand seigneur lui-même logé à Versailles, dans ses Mémoires).

La persécution des protestants

"Lieutenant de Dieu sur la terre ", "roi très chrétien " sacré à Reims, Louis XIV est persuadé que l'unité religieuse est nécessaire à la solidité de l'État. Dès le début de son règne personnel, il persécute les protestants de façon systématique :  défense de chanter des psaumes dans les rues, sur les places publiques et même dans les temples lorsque passait à proximité une procession catholique.  Les pasteurs ne doivent pas porter la robe ou la soutane. Des temples sont rasés dans le Poitou. Dans cette région viennent les premières dragonnades : l'obligation pour les huguenots d'héberger les soldats (qui n'ont pas de casernes à l'époque). D'où pillages, brutalités, vols, et même si c'était interdit, viols et assassinats. En 1685, les dragonnades sont générales, et la terreur pousse à la conversion forcée des milliers de protestants. 
Du coup, Louis XIV considère en 1685 que que la plus grande partie des huguenots s'est convertie et il décrète l'Édit de Fontainebleau : interdiction totale du culte, démolition des temples encore debout, fermeture des dernières écoles calvinistes. Confrontés à cette alternative, les 4/5 des pasteurs choisissent l'exil plutôt que l'abjuration.  
Malgré les menaces de galère pour les hommes et de prison pour les femmes, bon nombre de protestants fuient la France en Angleterre, en Hollande et dans les États protestants de l'Empire germanique, avec de faux papiers, en se déguisant : 200 000 peut-être entre 1679 et 1730, souvent des gens instruits et entreprenants, des médecins, professeurs, artisans du textile, du cuir... Quelque 1450 huguenots sont condamnés aux galères, quelques uns pendus. Le culte protestant devient clandestin, dans les Cévennes : c'est le début du culte du Désert...  A la fin du règne de Louis XIV, les paysans protestants des Cévennes se soulèvent : les "camisards" résistent plusieurs années à la répression royale. Surtout, pour la première fois, des individus revendiquent leur incroyance, leur athéisme.

Enrichir le royaume

L'enrichissement du royaume pour renforcer la puissance du roi est au fondement de l'économie mercantiliste initiée par Henri IV et Sully et développée par Colbert, qui dirige l'économie, les finances, la marine, les bâtiments, les arts et les manufactures (comme les tapisseries aux Gobelins ou le verre à Saint-Gobain) de 1661 à 1683.

La propagande royale

Les profits issus des progrès de l'industrie textile et des exportations, mais aussi de l'augmentation des impôts, servent à créer I'image publique du roi : "Louis Le Grand", "père de son peuple", "l'Arbitre de la Paix et de la Gloire ", "le roi qui recule les frontières", "notre visible Dieu" et le plus puissant monarque de l'univers.
Ce culte est tourné en priorité vers la postérité (d'où l'importance de l'obélisque qui symbolise la renommée éternelle), vers les classes supérieures (il est bien rare de trouver une statue du roi dans un village de cette nation de paysans) et vers les cours étrangères.

Colbert donne ainsi au souverain les moyens d'imposer la prépondérance française en Europe.

Une France en guerre

Pendant presque tout le règne, la France de Louis XIV est en guerre : contre la puissance commerciale des Provinces-Unies (la Hollande), contre l'Espagne qui leur porte secours, contre l'Empire germanique et l'Angleterre qui résistent à cette volonté hégémonique et à la poussée française vers le Rhin. 

A sa mort, Louis XIV laisse un royaume agrandi de l'Artois et des Flandres, de l'Alsace, de la Franche-Comté et du Roussillon, avec des frontières fortifiées par Vauban, avec un rayonnement culturel qui s'étend pendant deux siècles à toute l'Europe, de Lisbonne à la Russie. Il laisse aussi un royaume au bord de la faillite, épuisé, où son impopularité est extrême (lire "Louis XIV jugé par un curé de campagne").

Un roi tout-puissant ? : ainsi, le culte du roi n'est pas parvenu à soumettre tous les Français dans une commune adoration d'un souverain que la propagande royale organisée par Colbert présente comme exceptionnel. 
Dans le même temps, les paysans connaissent difficultés, misère, disette pendant tout le règne, voire la famine pendant "la grande mortalité " de 1693-1694 et le "grand hiver " de 1709-1710. 
Faim, froid, épidémies, la guerre par surcroît : voilà l'origine des grandes révoltes paysannes des Croquants, des Nu-Pieds, des Lustucrus, du mécontentement qui gronde non seulement chez les protestants, mais aussi chez les proches du roi (Vauban et Fénelon dénoncent le mépris des Grands et du prince à l'égard de la misère paysanne).

Les lois fondamentales du royaume

Par ailleurs, l'absolutisme royal n'est pas un pouvoir sans limites : d'abord, le roi lui-même reste soumis aux " lois fondamentale " du royaume (hérédité de la couronne avec exclusion des femmes, inaliénabilité du domaine, indépendance du roi par rapport à l'Église). Il se heurte également à des réalités de fait : 
l'immensité relative du royaume, où il faut une quinzaine de jours au mieux pour rallier Marseille de Paris, où il faut quatre jours aux magistrats de Nîmes pour enquêter sur une affaire en Gévaudan ou dans le Vivarais ; 
la permanence de pouvoirs intermédiaires jaloux de leur autonomie :
le Clergé, qui lève lui-même le don gratuit versé au roi,
les États provinciaux de plusieurs provinces (Bretagne, Bourgogne, Languedoc, Provence) qui votent et collectent eux-mêmes les impôts dus au roi, décident aussi de grands travaux de voirie ou d'urbanisme,
des villes franches qui à l'instar de Lille ont conservé jusqu'à la fin de l'Ancien Régime une grande marge de manœuvre,
les milliers de justices seigneuriales où les agents du roi n'interviennent pas (y compris dans la capitale, dans les juridictions du Temple ou de Saint-Germain-des-Prés).

Si l'administration royale se renforce, notamment grâce aux intendants de police, de justice et de finance présents dans chaque province, le roi absolu ne peut pas tout. Et surtout pas abolir l'enchevêtrement des particularismes locaux, juridiques, administratifs, linguistiques, culturels (par exemple, la multiplicité des unités de poids et mesures) du royaume. 
La progressive construction de l'État moderne n'implique donc pas un État central unifié et performant. Il n'est pas souhaité par les théoriciens de l'absolutisme et il est hors de portée de l'Ancien Régime.