L'or des Amazones


 

L'Or des Amazones, peuples nomades entre Asie et Europe (VI° siècle avant J.C. - IV° siècle après J.C.) 

 

 

Musée Cernuschi, 7 avenue Vélasquez, 75 008 Paris. Tous les jours sauf lundi,
jusqu'au 15 juillet 2001.



Aux confins de leurs colonies asiatiques, au nord de la Mer Noire, les Grecs tombent nez à nez sur des peuplades nomades, Cimmériens, Scythes. La mythologie décrit longuement les plus "barbares" des filles de ces peuples, les Amazones. Nées contre nature d'Arès, le dieu de la guerre, et d'Harmonie, la nymphe des forêts, elles ignorent la navigation, dédaignent céréales et nourriture cuite pour dévorer la chair humaine, et combattant à cheval, elles vont jusqu'à se couper le sein droit pour manier plus facilement leur arc... Les Grecs envoient contre elles tous leurs héros : Héraclès, Achille, Thésée... Achille qui tombe amoureux de la reine des Amazones, Penthésilée... Fascination grecque pour ces guerrières, aux antipodes de la femme grecque soumise, enfermée. "Ce qui est sûr, explique l'archéologue Jeannine Davis-Kimball, c'est que des guerrières ont existé. Mais les Grecs en ont fait une légende en renforçant l'aspect guerrier et agressif de ces femmes qui se seraient battues exclusivement contre les hommes, allant même jusqu'à noyer leurs bébés mâles. Selon moi, ils ont inventé cela pour impressionner leurs épouses et les garder tranquilles à la maison !"


Bataille entre les Grecs et les Amazones, IV° siècle avant J.C., détail du sarcophage des Amazones, Tarquinia.

Vases aux anses de panthères, colliers d'or et de turquoise, bracelet aux figures de daim, carquois au décor grec, l'artisanat des peuples nomades est somptueux. Sans palais, sans cité, les aristocrates emportent constamment avec eux leurs richesses, dans leurs chariots, et jusque dans la tombe. Petit à petit apparaît une véritable classe de chevaliers, reconnaissables au luxe de leur harnachement.


Poignard et son fourreau, 2ème moitié du Ier siècle, cimetière de Datchi

 



Peuples des steppes indo-européens, Scythes, Sarmates, Alains échangent et commercent avec les Grecs pendant toute l'Antiquité. Fourrures et esclaves contre huile et vin grecs... Mais dans les tombes de ces farouches guerriers, on retrouve aussi bon nombre de miroirs chinois, témoins des échanges avec l'Extrême-Orient. En fait, entre Volga et Don (dans l'actuelle Russie), ces peuples nomades servent de passerelle entre l'Europe et l'Asie. Jusqu'aux Grandes Migrations de la fin de l'Antiquité. En 406-407, les Alains sont les derniers à franchir le Rhin gelé pour s'établir en Gaule, avec d'autres "barbares". En 451, ils combattent auprès du dernier général romain Aetius pour repousser les Huns d'Attila. A partir de la fin du V° siècle après J.C., les Alains et autres Sarmates, après plusieurs milliers de kilomètres de route, se fondent dans ce qui va constituer la population de la "France".


Modèle de chariot nomade, III° siècle avant J.C.

"Lorsque leur roi est mort, les Scythes creusent en terre une grande fosse carrée ; quand elle est prête, ils enlèvent le cadavre, (...) et, sur un chariot, le transportent chez un autre peuple. Ceux qui reçoivent le corps qu'on leur apporte agissent comme les Scythes royaux : ils se coupent un morceau de l'oreille, se tondent les cheveux tout autour de la tête, se font des incisions au bras, se déchirent le front et le nez, s'enfoncent des flèches à travers la main gauche. (...) Lorsque, transportant le cadavre, ils ont fait le tour de tous leurs sujets, ils se trouvent au pays des Gerrhiens, le plus reculé des peuples de leur empire, au lieu des sépultures. Ils déposent alors le cadavre dans la chambre funéraire sur un lit de verdure, plantent en terre des piques de part et d'autre du mort. (...) Dans l'espace laissé libre de la chambre, ils ensevelissent, après les avoir étranglés, une des concubines du roi, son échanson, un cuisinier, un palefrenier, un valet, un porteur de messages, des chevaux, et des coupes d'or..."
Hérodote, Histoires (V° siècle avant J.C.)