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La France dans le monde

Un dossier très complet du Monde Diplomatique (articles, citations, bibliographie)

 

Une présentation cartographique des Empires coloniaux

Tintin au Congo, le paternalisme colonial dans les années 30 

 B) ... à la France conquérante et coloniale

 1) La " mission civilisatrice " de l'homme blanc
 2) L'exploitation et la domination coloniale

1) La " mission civilisatrice " de l'homme blanc
Éloignés du " premier empire ", peu mobiles, les Français ont longtemps été indifférents à l'expansion coloniale, qui demeure d'ailleurs mesurée jusqu'au Second Empire. 
Charles X conquiert Alger, et la Monarchie de Juillet le reste de l'Algérie, où ne cessent d'arriver des colons européens. Napoléon III étend l'influence française en Asie (colonie de Cochinchine, protectorat sur le Cambodge), en Océanie (Nouvelle-Calédonie), en Afrique (mise en valeur du Sénégal), tout en soutenant le percement du canal de Suez par Ferdinand de Lesseps.

Marché de Batna, en Algérie, sous le Second Empire

Le marché de Batna, dans l'est algérien, en 1861 
(archives de la Société de Géographie)

La constitution du deuxième empire de la planète est surtout l'œuvre de la III° République, où s'impose un "parti colonial" qui réussit à intéresser les Français à la conquête. Richesses naturelles, comme le caoutchouc indochinois, indispensables à l'industrie, explorations décrites dans les journaux, concurrence anglaise ou allemande à relever, préoccupations missionnaires, ces arguments soutiennent la colonisation en Asie et en Afrique, avec la foi en une " mission civilisatrice de l'homme blanc ", d'autant plus forte que ce Blanc est français et héritier des valeurs universelles de liberté et d'égalité.

 Exposition coloniale de 1931

Affiche présentant l'Exposition coloniale de 1931, au Bois de Vincennes


Persuadé que " les races supérieures ont le devoir de civiliser les races inférieures " (lire son discours), Jules Ferry est ainsi un grand colonisateur, autant qu'un défenseur de l'instruction publique, au nom des mêmes valeurs de progrès et de raison. Peu après l'intervention de la France en Tunisie (1881), Jules Ferry impose un protectorat à l'Annam et au Tonkin. A la fin du siècle, c'est toute l'Indochine qui est sous la coupe de Paris. En Afrique noire, la France soumet à partir de 1875 (explorations de Savorgnan de Brazza) les territoires d'Afrique équatoriale, puis plus tard ceux d'Afrique occidentale autour du golfe de Guinée, avant d'annexer Madagascar et d'imposer un protectorat au Maroc en 1912.
A la veille de la Première guerre mondiale, l'empire (attention, le mot désigne une réalité d'ordre géographique, le régime de la France restant la République ... ) représente 10 millions de km2 et 50 millions d'habitants. Seul, l'empire britannique le surpasse.

2) L'exploitation et la domination coloniale
La colonisation française - plus largement européenne - se traduit par la mise en valeur des territoires dominés et par l'acculturation des populations soumises. 
Cette mise en valeur s'effectue au bénéfice exclusif de la métropole, qu'il s'agisse de l'exploitation des ressources naturelles, du développement d'une agriculture intensive d'exportation (viticulture en Algérie) ou de la construction des infrastructures (voies ferrées uniques à destination des ports, aménagés en capitale et en bases d'exportation). 
Souvent, cette mise en valeur s'accomplit avec le travail forcé des indigènes, malgré l'attitude plus respectueuse des populations locales de grands colonisateurs comme Brazza ou Lyautey en Indochine et au Maroc.


Travail forcé pour des Français non citoyens

Le travail forcé, le statut de second ordre des indigènes - Français mais non citoyens, à l'exception des " indigènes évolués " de quatre villes sénégalaises -, l'alphabétisation peu répandue et utilisée pour nourrir l'admiration de la puissance coloniale, tout cela relativise les réels progrès de l'hygiène (en partie grâce aux méthodes aseptiques mises au point par Louis Pasteur) et de la lutte anti-esclavagiste.

 Tintin au Congo

Tintin au Congo, par Hergé. Première édition parue en 1946


D'autant plus que l'argument humanitaire (l'interdiction des sacrifices humains au Dahomey, sous le dernier roi Béhanzin par exemple) s'accompagne d'atrocités dans la conquête, d'une sujétion de peuples entiers et de la déstructuration des sociétés traditionnelles, qui découvrent en quelques années la modernité, l'introduction de la monnaie, l'urbanisation et l'exode rural (avec les premiers bidonvilles dès le début du siècle). 
Cette violence fondamentale de la colonisation explique qu'elle a commencé à être rejetée, dès les lendemains de la Première guerre mondiale, et d'abord par l'élite indigène nourrie des valeurs d'égalité et de fraternité...