Lascaux,
il y a près de 20 000 ans
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B)
L'invention de l'art : le paléolithique supérieur
- 35 000 : notre ancêtre direct, l'homo sapiens sapiens
(Cro-Magnon) (l m 70, 1500 cm3, un cerveau qui vaut le nôtre,
un vrai front et un vrai menton, omnivore) met au point une véritable
industrie osseuse (harpons, hameçons, pointes de sagaie,
aiguilles à chas) et de nouvelles techniques de taille
de la pierre (débitage en série de lames de silex)
et de chasse (invention de l'arc et des flèches, ainsi
que du propulseur). Son adaptation au milieu se manifeste par :
- le choix du gibier (le renne dans l'ouest européen, comme en
témoigne les fouilles du grand préhistorien André Leroi-Gourhan sur
le site de Pincevent, dans
l'actuelle Seine et Marne ; le mammouth dans la plaine russe) Mais
l’homme de Cro-Magnon diversifie aussi son régime alimentaire
(petits mammifères, poissons riches en acides gras – ce qui
favorise le développement cérébral), tout cela lui permettant,
selon des chercheurs anglo-saxons, de supplanter l’homme de
Neandertal ;
- le type d'habitat (les huttes de campements saisonniers dans l'ouest -
des tentes de peaux de rennes
à Pincevent -; des cabanes consolidées en os de mammouth,
en Russie).

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Peintures
pariétales de la grotte Chauvet, en Ardèche (-31000 avant J.C.)
Détail du panneau des lions. L'originalité de la grotte tient au
bestiaire représenté : rhinocéros, lions, ours, animaux dangereux
que les hommes préhistoriques évitaient, alors même que ce sont
plutôt les animaux chassés qui sont d'ordinaire représentés dans
les autres cavernes paléolithiques.
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Peintures rupestres
de la grotte de Lascaux, en Dordogne (-15 000
avant J.C.) |
Caractéristique majeure de cette époque : l'art.
"Vénus", petites statuettes féminines
en ivoire (symbolisant sans doute la fécondité par l'ampleur des seins et
du ventre) ; gravures et sculptures ; peinture pariétales
dans le sud-ouest de la France (grotte Chauvet en Ardèche, grotte
Cosquer près de Marseille, Lascaux) à une époque où le bassin parisien est parcouru
par de grands troupeaux de bufs, bisons, rennes, chevaux
sauvages.

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Vénus
de Willendorf, vers 25 000 avant J.-C. |
Ces formes artistiques, les premières en Occident,
ne se laissent pas facilement interpréter : on y a d'abord vu une fonction
magico-religieuse, propitiatoire, puis une représentation symbolique de la
société (les animaux représentant des groupes humains), enfin une signification "chamanique"
et religieuse (le préhistorien Jean Clottes) (1).
Enfin, certains préhistoriens se refusent à toute interprétation globale,
renvoyant aux particularités régionales et temporelles.
Cet art décline avec les débuts du mésolithique,
marqué par un progressif réchauffement du climat
(- 10 000 à -8000) : modification de la végétation
(développement du bouleau et des feuillus, du pin) et
de la faune. Certaines espèces disparaissent (mammouths,
rhinocéros laineux). D'autres, comme le renne, remontent
vers le nord.
(1) Autrement dit, par observation des pratiques chamaniques
contemporaines, les hommes de la préhistoire auraient reconnu des
pouvoirs de prédiction, de protection et de guérison aux
"chamans" capables d'entrer en contact avec les esprits, lors de
transes provoquées par le jeûne, la danse, la musique et la
drogue.
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