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B)
" La Révolution est finie " (Bonaparte) (1799-1815)
1) Bonaparte met fin à la Révolution
Après 10 ans de Révolution et de guerre, de Terreur
et de difficultés économiques, la population est
prête à se soumettre au pouvoir personnel de Bonaparte,
pourvu qu'il assure le retour à l'ordre et préserve
les conquêtes révolutionnaires.
En effet, la Constitution
de décembre 1799 confie tout le pouvoir exécutif,
et une part importante du pouvoir législatif, à
Bonaparte, Premier consul, qui peut s'exclamer : " Citoyens,
la Révolution est fixée aux principes qui l'ont
commencée, elle est finie ".
L'effort de réconciliation
Dès lors, Bonaparte essaie de réconcilier les différentes
forces qui s'opposent depuis 10 ans pour assurer les fondements
de son pouvoir : il recrute comme préfets placés
à la tête de chaque département d'anciens
Montagnards et d'anciens royalistes. Il autorise les émigrés
- nobles, bourgeois, dont certains avaient fui la France dès
le 14 juillet 1789 - à rentrer au pays.
Mais il garantit
aussi les transferts de propriété qui ont eu lieu,
avec le rachat, par la bourgeoisie et les plus aisés des
paysans, des biens nationaux, les propriétés du
clergé et des émigrés confisquées.
De plus, il réhabilite le catholicisme, garant de l'ordre
social, en signant en 1801 un Concordat avec le pape.
Pour pérenniser
son pouvoir, Bonaparte se fait d'abord désigner consul
à vie par plébiscite en 1802, puis imagine de fonder
la " quatrième dynastie " en proclamant l'Empire.
2) Un Empire éphémère, une œuvre
durable
C'est par un nouveau plébiscite - dévoiement démagogique
du suffrage universel - que Bonaparte se fait proclamer Empereur
héréditaire des Français, sous le nom de
Napoléon ler. Son sacre donne lieu à une cérémonie
fastueuse le 2 décembre 1804 à Notre-Dame de Paris.
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Le Sacre de Napoléon
Ier, par
Jacques-Louis David, 1805-1807 |
La République a vécu, Napoléon
a rétabli la monarchie en France.
Cette monarchie s'appuie sur le clan familial, dont plusieurs
membres dirigent les royaumes conquis par l'empereur (Espagne,
Sardaigne, Grand Duché de Varsovie...), sur une vie de
cour, aux Tuileries, à Fontainebleau, où il s'entoure
de l'ancienne et de la nouvelle noblesses (ses maréchaux,
issus pour la plupart de la moyenne bourgeoisie deviennent altesses
sérénissimes), sur une propagande servie par le
Catéchisme impérial ("Dieu a établi
Napoléon notre souverain… Honorer et servir notre
empereur est donc honorer et servir Dieu lui-même"),
enfin sur un despotisme de plus en plus manifeste, dans la censure
de la presse, de l'imprimerie et des théâtres, dans
la surveillance policière de l'opinion, et notamment des
ouvriers.
Un Empire qui domine l'Europe
L'Empire, en se construisant sur les victoires d'Austerlitz
(1805, contre l'Autriche), d'Iéna (1806, contre la Prusse),
flatte le patriotisme des Français, tout en permettant
l'ascension sociale de soldats et de leurs chefs et en drainant
vers la France les richesses et les impôts soutirés
aux peuples vaincus.
En 1810, grâce à la supériorité
en nombre des armées françaises, qui intègrent
de plus en plus de recrues étrangères, et au génie
militaire de Napoléon, l'Empire domine toute l'Europe,
avec ses 130 départements qui intègrent la Belgique,
la Hollande, la Rhénanie, la côte dalmate (les provinces
illyriennes), en s'étendant de Hambourg jusqu'à
Rome.
L'orgueil conquérant de Napoléon, sa volonté
de briser l'hostilité anglaise en imposant un blocus continental
contre Londres vont se fracasser lors de la lamentable campagne
de Russie, fatale à la Grande Armée dans l'hiver
1812. La retraite de Russie est le prélude de la contre-offensive
européenne qui aboutit à la première abdication
d'avril 1814, et à la première Restauration du
frère cadet de Louis XVI, Louis XVIII.
Les maladresses des royalistes donnent une dernière chance à Napoléon,
qui reprend le pouvoir pendant les Cent Jours, avant d'être
définitivement battu à Waterloo, le 18 juin 1815.
L'œuvre et la légende
Dès lors s'élaborent les deux versants du mythe
napoléonien, la légende dorée du général
victorieux, du glorieux soldat de la Révolution, la légende
noire de l'ogre dévoreur de chair fraîche. Mais
Napoléon disparu, l'essentiel de son œuvre de réorganisation
administrative et de centralisation politique perdure, soutenue
par la classe de notables qu'il a renforcée.
Ces notables, issus de la bourgeoisie et des possédants,
Napoléon se les rallie en leur offrant des carrières
au sein de l'administration et de l'armée. Le nombre de
fonctionnaires, formés dans les lycées fondés
dès 1802, augmente et assure l'encadrement de la population,
au niveau de tous les départements.
Si le Code civil de
1804 confirme les principes de 1789 (liberté et égalité
devant la loi), il consacre l'inégalité sociale
en reconnaissant pleinement le droit de propriété,
en favorisant le patron par rapport au salarié, l'époux
et le père par rapport à la femme et aux enfants.
Les plus dociles des serviteurs de l'État, quels que soient leur
rang et leur condition d'origine, sont récompensés
par la Légion d'honneur et l'entrée dans la nouvelle
noblesse. |