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Une Europe en pleine expansion industrielle et urbaine à la recherche de territoires et de débouchés : le temps de l'émigration et des colonies

La Tour Eiffel, 
le 26 décembre 1888
Organigramme des relations entre les différents points du programme
(80 ko)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le travail des enfants dans les manufactures au XIX° siècle

Des articles en ligne de la revue "Recherches contemporaines" de Paris X

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Méliès fait du cinéma

 

 

 

 B) Révolutions industrielles : d'une France rurale 
à une France plus ouvrière et plus urbanisée 
(à partir de la 2ème moitié du XIX° siècle)

 1) De l'invention à la mécanisation : un mode de production industriel
 2) De l'atelier à l'usine : un prolétariat dominé par la bourgeoisie
 3) De la campagne aux faubourgs et aux banlieues :
une société de plus en plus homogène et urbaine

1) De l'invention à la mécanisation : un mode de production industriel

Tout comme l'Antiquité a inventé le verre, la vis d'Archimède, la catapulte, le palan, les engrenages, le moulin, la meule à grains, le Moyen Age la charrue, le collier d'épaule, la herse, la faïence, l'horloge et l'imprimerie, les inventions se sont poursuivies sous l'Ancien Régime (première ascension en ballon par les frères Montgolfier en 1783) et jusque dans les années révolutionnaires (télégraphe aérien de Claude Chappe sur les hauteurs de Belleville en 1793 et premières conserves alimentaires par N. Appert en 1795, c'est le procédé de l'appertisation). D'ailleurs, les écoles centrales créées en 1795 privilégient l'enseignement des sciences dans le secondaire.

La nouveauté du XIX° siècle, c'est que pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, ces innovations techniques peuvent se diffuser de façon massive, au point de transformer vie quotidienne et mode de production.
La clé de ce processus est la maîtrise de puissantes et nouvelles sources d'énergie : ainsi, la première révolution industrielle du début du XIX° associe la machine à vapeur au charbon. La seconde, qui prend le relais à la fin des années 1880, associe le moteur à explosion (découvert en 1886) au pétrole et à l'électricité. 
Grâce à d'énormes capitaux mobilisés par les premières banques de dépôt et d'affaires ouvertes sous le Second Empire (Crédit Lyonnais en 1863), aux prêts à l'industrie, la production industrielle fait des progrès considérables dans la métallurgie, la sidérurgie (la tour d'Eiffel est un monument de fer) et la chimie, au travers du chemin de fer, tandis que la mécanisation progresse partout. 
L'Exposition universelle de 1889, à Paris, est une formidable vitrine de ces progrès techniques, des premières automobiles à l'ascenseur électrique.
De nouveaux modes de distribution de produits plus abondants et plus diversifiés (les premiers grands magasins ouvrent sous le Second Empire), la constitution d'un véritable marché national, grâce au réseau ferroviaire, sont à la fois cause et conséquence de l'industrialisation, qui transforme aussi profondément la vie ouvrière.

2) De l'atelier à l'usine : un prolétariat dominé par la bourgeoisie
En effet, la révolution industrielle a pour cadre nouveau l'usine, et non plus l'atelier artisanal ou la grande manufacture dépourvue de machines. 
Certes, en 1914, 28% des travailleurs exercent encore leur activité chez eux, notamment les ouvrières du textile, mais cela n'empêche pas le développement des usines, même si la discipline nouvelle qu'elles entraînent est longtemps contestée, et les machines brisées. 

Atelier de canuts

Atelier domestique de canuts, à Lyon

D'une façon générale, et même si les différences sont profondes entre le prolétariat d'usine et l'artisan qualifié, entre l'ouvrier rural à domicile et le mineur, la condition ouvrière a tendance à s'améliorer dans la deuxième moitié du XIX° siècle et au début du XX° : beaucoup de familles continuent de vivre dans des logements insalubres, nombre d'ouvriers n'ont que leur matelas pour seule richesse, mais ils mangent mieux, davantage de laitages et de viande. 

A partir de 1890, les gouvernements réduisent la journée de travail (10 heures à la veille de la guerre), suppriment le livret ouvrier, rétablissent le repos hebdomadaire (supprimé en 1880). Mais les assurances-accident, maladie, familiale et vieillesse sont inexistantes, sauf pour certaines catégories sociales très particulières.
Les revenus patronaux ont eux beaucoup plus vite augmenté, et une grande bourgeoisie d'affaires, capitaliste, apparue sous le Second Empire, vient étoffer les rangs des hauts fonctionnaires et des grands notables. 
La bourgeoisie dans son ensemble diffuse un mode de vie fait de goût pour le travail bien fait, en prenant son temps, pour les loisirs tranquilles, sensible pendant " la Belle Époque ". 

La Samaritaine vue du Pont-Neuf

Le Pont-Neuf et la Samaritaine (photographie de la série Rues et scènes de rues, Paris, 1900-1929 des Frères Séeberger)

Le " folklore " de la civilisation rurale disparaît devant les progrès d'une culture-marchandise, urbaine et industrielle, marquée par le roman-feuilleton de la presse, le roman policier, le cinéma et le sport-compétition.

3) De la campagne aux faubourgs et aux banlieues :
une société de plus en plus homogène et urbaine

Avant guerre, la société française reste majoritairement peuplée de ruraux, mais l'urbanisation progresse (31 % de citadins en 1870, 47% en 1911 ; la proportion sera renversée seulement à partir de 1928). 
Cette urbanisation est directement liée à l'industrialisation : elle est nourrie par l'exode rural qui se fixe dans les usines des faubourgs et des banlieues des cités industrielles. Usines, entrepôts, logements ouvriers s'installent à la périphérie sur des espaces plats bien desservis par les transports. 

 

Les usines Frey à Guebwiller

Les usines Frey à Guebwiller : l'urbanisation se développe autour, avec les maisons ouvrières dominées sur leur arrière par les fameuses maisons de maître...

La naissance de la banlieue crée les premières agglomérations : la ville absorbe les communes périphériques (Paris annexe ainsi les communes de Montmartre, Belleville, Grenelle... en 1860) gagnant encore en espace.
Des régions rurales entières se vident (les Alpes, le Massif Central) alors que de véritables régions industrielles se forment ou se développent autour des gisements de houille (dans le Nord, autour du Creusot ou de Saint Etienne), de l'hydroélectricité (Grenoble) ou de savoir-faire industriels anciens (Paris, Lyon, Lille, Rouen ... ) 
Alors que la France est entrée dans une période de stagnation démographique, les migrations d'Italiens, de Polonais (comme Marie Curie, née Sklodowska), de Belges viennent alimenter les recrutements d'ouvriers.