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C)
La mort redoutée, la mort apprivoisée
L'Occident chrétien vit dans la soumission à
un Dieu terrible, puissant, prompt à juger et à
condamner à l'enfer. La charité envers les pauvres,
le respect des sacrements, la prière surtout peuvent amadouer
ce Dieu justicier.
D'où les dons (en nature ou en argent)
aux moines, dont c'est le métier de prier, nuit et jour,
dans les monastères de l'ordre de Cluny ou de Citeaux.
D'où ces érections de chapelles, de monastères,
de prieurés ruraux, d'églises et de cathédrales
urbaines, dons de pierre offerts pour obtenir la clémence
de Dieu. D'où l'indulgence promise aux croisés.
D'où "l'invention", vers le XII° siècle,
du purgatoire, espace intermédiaire entre l'enfer et le
paradis, refuge pour les âmes ni condamnées, ni
saintes.

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Résurrection : les
saints sortent de leurs tombes (XIII° siècle) |
A la fin du Moyen Age, au cours de ces deux siècles de
guerre, de famine et de peste, les croyants découvrent
une Église parfois incapable de répondre à leurs
angoisses. C'est l'époque où "la comptabilité
de la mort" prend des proportions incompréhensibles
pour qui ignore la terreur des hommes de cette époque
pour l'enfer (cf les tableaux de Jérôme Bosch) : les plus
riches achètent des centaines de messes pour le salut
de leur âme.
Riches et pauvres participent en foule à
des processions pénitentielles, aux "passions"
théâtrales sur le parvis des églises, tandis
que le "couronnement de la Vierge", la figure protectrice
de la mère de Jésus, devient un thème majeur
de l'art. Autre thème récurrent : celui de la "Danse macabre"
où jeunes et vieux, personnages de toutes conditions sont entraînés par
la Faucheuse...
De multiples confréries de charité, parfois très indépendantes
du curé, assistent les indigents, les malades, les femmes en couche, les
pèlerins. Les confrères sont particulièrement assidus lors des visites
aux agonisants : c'est leur devoir d'assurer le service mortuaire et
l'inhumation.
De plus en plus de fidèles, de réformateurs chrétiens
exigent aussi un accès direct à la source du Salut,
à la lecture de la Bible en langue vernaculaire, en un
temps où seuls les clercs ont le droit de lire et de commenter l'Écriture. Là se trouve une origine de la
Réforme protestante, un autre élément de modernité
de la fin du Moyen Age, avec l'ascension des classes bourgeoises. |