C) La christianisation d'une société soumise à l'Église Soutien essentiel de la monarchie (depuis Clovis), l'Église
catholique essaie d'imposer ses propres normes et ses propres
hiérarchies à une société féodale
violente et guerrière. D'abord en se rendant indépendante
des rois, des princes et des seigneurs. C'est l'objectif de la
Réforme Grégorienne (du nom du pape Grégoire
VII, XI° s.) qui arrache aux grands laïques les nominations
ecclésiastiques. Ainsi, l'évêque est-il élu
par les chanoines du chapitre cathédral.
Les croisades sont enfin le moyen de détourner la violence
des guerriers contre l'infidèle, contre le "Mahométan" (loin en
Palestine), en échange d'une promesse papale d'indulgence (la mort en Terre Sainte vaut
absolution des péchés). Mais ces croisades peuvent également
susciter l'enthousiasme des foules. Ainsi, même des enfants se jettent sur
les routes dans l'espoir de libérer Jérusalem, aux mains des Musulmans
depuis 638. En 1212, des troupes d'enfants et d'adolescents, venus surtout
du nord-est de la France, des Flandres et de la vallée du Rhin se dirigent
vers les ports méditerranéens. Beaucoup meurent en chemin, les autres
seront vendus comme esclaves ou périront noyés. Malgré les menaces d'excommunication, l'Église a fort à faire pour faire respecter ses propres
valeurs, qui se diffusent néanmoins par le biais de ses
institutions : exemples du monachisme, des monastères ruraux (avec la
remise à l'honneur de la prière, comme à
Cluny, de la pauvreté et du travail, comme chez les Chartreux,
près de Grenoble), pèlerinages auprès des
reliquaires, hôpitaux (hôtels-Dieu), écoles...
Cette christianisation en profondeur de toute une société
s'opère enfin dans l'existence quotidienne : calendrier
chrétien dont les fêtes (Pâques, Noël
... ) et les saints rythment la vie de la paroisse, dont le curé
enregistre l'état civil et assure soin des âmes
et éducation de tous, où même les analphabètes
lisent sur le tympan, les sculptures, les fresques et les vitraux
des églises romanes et gothiques scènes des Évangiles et Jugement Dernier.
Des distributions collectives d'aumônes, par des monastères, des
maisons-Dieu (pour les malades et les pèlerins) peuvent concerner plusieurs
milliers de pauvres - cette tradition traversant tout l'époque
moderne.
|