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L'ordonnance de Villers-Cotterêts

 

III) " Un roi, une foi, une loi " :
de l'absolutisme royal à sa contestation


Bien assise sur une armée et des impôts permanents, servie par une administration de plus en plus soucieuse des droits du prince, dépassant pour la première fois depuis le partage de Verdun la frontière orientale du Rhône par l'acquisition du Dauphiné et de la Provence, la monarchie de Louis XI (1461-1483) apparaît comme l'un des États les plus puissants d'Europe occidentale.

Au sortir du Moyen Age, les fondements de la monarchie absolue sont en place et François ler, "roi-chevalier" en même temps que l'un des premiers souverains absolus, ne s'y est pas trompé : il admire en effet Louis XI qui "jugeait, ordonnait, condamnait, absolvait, le tout à son bon plaisir [selon sa volonté]. Et disait le roi François qu'ainsi il fallait régner..." (Brantôme, un mémorialiste contemporain de François 1er).

Si l'on excepte les quarante années de guerre civile de la deuxième moitié du XVI° siècle, les rois de France, à partir de François ler, ne cessent pas d'accroître leur pouvoir, en s'appuyant sur la bourgeoisie montante et en domestiquant la noblesse, en ponctionnant les campagnes françaises par I'impôt et en conquérant des territoires, ce que manifeste le règne de Louis XIV. 

Seingeur félon arrêté

Un seigneur félon est arrêté par les agents royaux, son château est démoli et ses forêts coupées "à hauteur d'infamie".

Sa mort signe le divorce qui va s'accroissant, tout au long du XVIII° siècle, entre la prétention des rois au même absolutisme et sa contestation par une noblesse et une bourgeoisie qui endossent le discours neuf de la représentation nationale, élaboré par les philosophes.

A) Le renforcement du pouvoir royal 
à partir de François ler

Même s'il reste un "roi-chevalier" au cours des nombreuses guerres menées contre l'empereur Charles Quint notamment en Italie, François ler revendique un modèle nouveau du roi absolu, souverain en son royaume, sans que personne ne puisse prétendre participer à son pouvoir ou le concurrencer. Ainsi n'est-il pas obligé de réunir les états généraux ou de tenir compte de leurs avis. 
Il se donne les moyens de mieux contrôler la société : si l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 impose l'usage du français à la place du latin dans la rédaction des actes judiciaires et notariés - une étape essentielle dans l'imposition d'une langue nationale -, elle contraint aussi les curés à enregistrer l'état-civil, et donc à dénombrer les sujets, clients du fisc. 
Les évêques et les abbés sont nommés par le roi, le pape ne disposant que de l'investiture canonique. Les dernières grandes principautés territoriales sont absorbées dans le domaine royal : la Bretagne, le Bourbonnais et l'Auvergne.

La cour du roi que François ler rétablit à Paris - en édifiant le nouveau Louvre - est le véritable cœur du pouvoir : le roi apparaît de plus en plus comme la source unique de l'autorité, arbitrant en dernier ressort les initiatives de l'administration judiciaire et financière, choisissant et disgraciant ses favoris, ses ministres et ses conseillers. 


L'irrésistible ascension de la bourgeoisie

Le service du souverain commence à assurer la noblesse pour les bourgeois éduqués, notamment les gradués en droit (c'est l'origine de la noblesse de robe, par opposition à la noblesse d'épée, qui continue de "parvenir par les armes" dans les guerres de François ler et de son fils Henri II). 
La bourgeoisie d'affaire assure son ascension sociale en soutenant les projets d'expansion coloniale du souverain, en lui prêtant de l'argent en achetant des offices.
Pour tous ses sujets, le roi est un protecteur, un être supérieur à tous les hommes : leur attachement au souverain garantit seul l'unité d'un royaume fragmenté en de multiples régions culturelles et linguistiques. Ce roi mécène des arts met en scène des fêtes fastueuses lors de ses "entrées" dans les villes, sur le modèle des triomphes de la Rome antique, avec chars, trophées, arcs de triomphe.