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L'affirmation du pouvoir royal et la formation du royaume de France

 


La naissance de l'impôt permanent

B) Une centralisation croissante 
assise sur l'impôt et l'armée permanents

Petit seigneur aux XI° et XII° siècles, obligé de combattre ses propres vassaux sur son domaine, défié par les grands seigneurs, ignoré pendant deux siècles par les comtes de Toulouse qui ne lui prêtent pas hommage, le Capétien est pourtant devenu, à partir de Philippe-Auguste, le roi reconnu par tous, et doté d'un prestige immense. 
Peu à peu, la souveraineté monarchique, avec la renaissance du droit romain au XIII°, prend la place de la suzeraineté féodale. Mais c'est en s'appuyant sur la féodalité et la religion que les rois capétiens ont assuré leur autorité suprême.

 Par la religion : en effet, le roi capétien est un personnage sacré. 

Sacre de Saint Louis

Le sacre du roi de France. 
Enluminure du XIII° siècle (vers 1280).

Par l'onction (signe de croix effectué par l'archevêque de Reims avec le saint-chrème, rappel du baptême de Clovis), le roi devient un personnage religieux, au-dessus des autres hommes, roi par la volonté de Dieu, avec une mission divine de paix et de justice et un pouvoir miraculeux de guérison. Soutenu par l'Église catholique, le roi porte l'anneau béni, en signe d'union avec son peuple.

  Par la féodalité : le couronnement distingue la dynastie capétienne. Entouré par les évêques et les grands seigneurs, le roi est élu par l'archevêque de Reims, avec l'approbation des féodaux et de l'Église : " nous approuvons, nous voulons que cela soit ! " 
Le couronnement, la remise du glaive (pour combattre les ennemis de la foi), l'onction et la remise de l'anneau, c'est tout cela qui constitue le sacre, cérémonie au cœur de la prééminence royale : même plus puissants que lui, pendant toute la féodalité, les princes territoriaux ne songent pas à remplacer le Capétien...
Dans un domaine étendu, dans un royaume prospère, Louis IX peut affirmer qu'il est le suzerain de tous les suzerains et le souverain de tous les habitants du royaume. Il est à la tête de la hiérarchie féodale (il n'est le vassal de personne) et le roi de tous, même dépendants de seigneurs. "Ducs, comtes, barons, châtelains, citadins, vilains, tous sont sous la main du roi" (1260).
Progressivement, les "grands rois" capétiens (Louis IX, Philippe le Bel, Louis XI) prouvent la force de leurs insignes royaux.

 
 Saint Louis

Saint Louis avec sceptre, 
main de justice et robe fleur-de-lisée

Le roi gouverne (pouvoir exécutif), en parcourant son domaine ou de Paris, où les institutions royales se concentrent (chancellerie, Parlement, états). 
Au nord, les baillis, au sud les sénéchaux représentent le roi dans les provinces. Des officiers royaux sont nommés à la tête des villes qui ne sont pas de commune, comme à Melun ou à Paris, villes royales. 
Profitant de la renaissance du droit romain, avec le retour en force des notions d'État et de souveraineté, les légistes de Philippe le Bel (fonctionnaires, et non plus vassaux à la Cour) proclament que "le roi est empereur en son royaume", qu'il n'est soumis à aucune autorité extérieure, même celle du Pape, à qui il arrache les nominations ecclésiastiques.
Le roi fait les lois (pouvoir législatif) : par exemple, Louis IX interdit les guerres privées entre féodaux. C'est une première tentative d'affirmer l'arbitrage du roi. Pour financer ses guerres contre les derniers grands fiefs, Philippe le Bel s'appuie sur de grandes assemblées réunissant nobles, ecclésiastiques et bourgeois des villes, pour consentir l'impôt et exalter la mission royale. C'est l'origine des états généraux, rassemblant les trois ordres du royaume.
Le roi rend la justice (pouvoir judiciaire) : c'est l'image de Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes (lire le témoignage de Joinville). 
Son règne voit la naissance du Parlement de Paris, cour de justice suprême à laquelle tous les habitants du royaume, dans le domaine et hors du domaine, peuvent faire appel des jugements prononcés par les tribunaux seigneuriaux. De la même façon, le roi favorise les bourgeois dans leur lutte contre le ou les seigneurs de leur ville.
Pour assurer cette souveraineté, le roi a besoin de la force et d'importantes ressources financières. Sous Charles VII et sous Louis XI, l'impôt (la taille sur les roturiers, les aides, taxes sur le commerce, et la gabelle du sel) et l'armée, devenus permanents, représentent deux nouveaux pouvoirs considérables du roi, en fait deux des fondements de l'État moderne. (Jusque là, le roi devait compter sur "le ban et l'arrière-ban", c'est à dire sur l'aide militaire volontaire de ses vassaux et de leurs milices paysannes. Souvent, il ne pouvait conserver cette armée plus de 40 jours, la durée du service d'ost).